Sarcomes : trop de diagnostics erronés

12 décembre 2011

Ne pas passer à côté d’un sarcome. C’est le message du Dr Sylvie Bonvalot, chirurgien expert en sarcomes à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, dans le Val de Marne. C’est vrai, les progrès importants réalisés ces dernières années ont réduit tant le nombre d’amputations que celui des récidives. Il n’en reste pas moins que la formation en la matière fait encore défaut. C’est pourquoi ces tumeurs – 5 000 sont déclarées chaque année en France – sont souvent diagnostiquées trop tard. Résultat, les patients ne peuvent bénéficier d’une prise en charge optimale ce qui entraîne une perte de chances.

En 15 ans seulement, le taux d’amputations lié aux sarcomes est passé de 15% à… 1%. Celui des récidives a également diminué, s’établissant aujourd’hui à 10% contre 25% en 2006. Ces bons indicateurs s’expliquent par « des techniques de chirurgie permettant des dissections plus fines et plus conservatrices. La chirurgie de reconstruction offre également de meilleurs résultats », nous explique le Dr Bonvalot.

Pourtant, « il est vraiment dramatique que les médecins passent à côté du diagnostic de sarcomes », se désole-t-elle. Les sarcomes des tissus mous en particulier, qui se caractérisent par la présence d’une masse d’au moins 5 cm, évolutive, profonde et persistante sur un bras, une jambe ou encore dans l’abdomen.

Au régime pour une tumeur…

« Un médecin observant ce type de tumeurs doit impérativement programmer une Imagerie par Résonnance magnétique (IRM) », poursuit Sylvie Bonvalot. Les sarcomes des membres mesurent en moyenne 10 cm de diamètre, et les tumeurs abdominales… 30 cm. « Un de mes patients présentait une tumeur de 60 cm au niveau du ventre, et son médecin généraliste l’a mis… au régime ! »

Pire encore que l’erreur de diagnostic, l’intervention chirurgicale aveugle. « Trop de chirurgiens orthopédistes ou viscéraux interviennent sur ces tumeurs, pensant qu’il s’agit d’un hématome, d’un abcès ou d’un kyste. C’est dramatique car une fois ‘ouverte’, la tumeur se répand dans le membre ou l’abdomen. Avec pour conséquence des amputations inutiles, voire le décès du patient ». Une intervention chirurgicale, tout comme une biopsie, doivent être réalisées par « une équipe spécialisée », insiste-t-elle. Avec un réel bénéfice pour les patients, puisqu’un diagnostic pertinent et une prise en charge adéquate permettent de guérir 75% des sarcomes.

  • Source : interview du Dr Sylvie Bonvalot, chirurgien expert en sarcomes à l’Institut Gustave Roussy, Villejuif, 2 décembre 2011

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