Sativex® : l’Académie de médecine craint les dérives
14 janvier 2014
Le traitement devra être initié par « un neurologue ou un rééducateur hospitalier » © GW Pharmaceuticals
Début janvier, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a accordé au Sativex® (un traitement dérivé du cannabis) une autorisation de mise sur le marché. Et ce dans la prise en charge de la douleur chez certains patients souffrant de sclérose en plaques. Cette décision fait réagir l’Académie nationale de médecine qui met en garde patients et prescripteurs sur d’éventuelles dérives.
L’Académie nationale de médecine explique qu’elle « ne peut rester insensible aux espoirs suscités chez les patients souffrant de sclérose en plaques par la publicité faite autour d’effets remarquables attribués au Sativex®. »
Ce médicament est une association de deux principes actifs du chanvre indien (cannabis) : le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Il est censé agir sur des symptômes qui, insuffisamment soulagés par les médicaments disponibles, altèrent gravement la qualité de vie des patients. « Pourtant », selon l’Académie, « en ce qui concerne l’état des connaissances relatives au cannabis et à ses constituants, aucun progrès significatif dans le domaine de leurs intérêts thérapeutiques allégués n’est apparu récemment. Alors que les connaissances de leurs effets adverses se sont précisées et multipliées. »
Il y a un an, L’Académie s’était prononcée contre le décret (adopté le 5 juin 2013) ouvrant la possibilité d’une commercialisation en France des médicaments dérivés du cannabis. Cette opposition était motivée par des raisons liées à la dépendance physique au THC. Ou à cause des interactions médicamenteuses potentiellement nombreuses (par exemple avec les benzodiazépines).
Pas une légalisation du cannabis
L’Académie nationale de médecine rappelle en outre que « l’AMM accordée au Sativex® ne constitue nullement une légalisation du cannabis thérapeutique en France. Utiliser la plante dans des préparations magistrales, tout comme fumer de la marijuana pour soulager des douleurs restent interdits. »
Elle s’inquiète encore des éventuels risques de détournement d’usage du traitement. « Si le cannabis en spray ne devrait pas intéresser les fumeurs de joints », conclut-elle, « on peut craindre la multiplication de prescriptions hors-AMM à divers usages comme sevrer les toxicomanes, atténuer les nausées des malades traités par chimiothérapie… Des indications largement plébiscitées dans l’opinion, mais dont il convient de rappeler qu’elles ne sont pas étayées par des études cliniques indiscutables ».
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Source : Académie nationale de médecine, 14 janvier 2014
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot