Saturnisme : les ratés du dépistage…

26 décembre 2003

En France en 2001, seuls 423 cas de saturnisme, c’est-à-dire d’intoxication par le plomb, ont été signalés aux autorités sanitaires. Un chiffre très éloigné des estimations, à en croire une expertise collective de l’INSERM publiée dès 1999.

Ses auteurs montraient que 2% des enfants de un à six ans auraient une plombémie – un taux de plomb dans le sang, n.d.l.r. – supérieure à 100 µg/l, le seuil reconnu comme critique selon les normes internationales. Et 2%, cela ferait tout de même 85 000 enfants atteints de saturnisme ! La plupart vivent dans des logements anciens et/ou délabrés. Des logements qui comportent encore de vieux tuyaux en plomb ou des peintures qui s’écaillent… Or ces écailles ont une saveur douceâtre – ou sucrée c’est selon – de sorte que les enfants les portent facilement à la bouche.

A la suite de la publication de l’INSERM, une conférence de consensus avait été mise en place. Ses premiers résultats viennent d’être publiés. Ils montrent qu’un département français sur trois n’a jamais effectué un seul dosage de plombémie. Et que moins de 3% des dépistages sont demandés par des généralistes. Pourtant, ce sont eux qui voient les enfants dans leur milieu de vie…

La lutte contre le saturnisme passe en effet par la mise en place de dépistages ciblés vers les enfants de 1 à 6 ans qui présentent des facteurs de risques. C’est-à-dire principalement ceux qui vivent dans un habitat construit avant 1949, et dont les installations n’ont jamais été refaites.

Les experts préconisent également une surveillance prolongée au-delà de 7 ans, chez tous les enfants qui ont une plombémie élevée. Mais aussi chez les petites filles, en raison des risques pour la maternité. Le plomb reste en effet fixé sur les os. Et il peut être libéré lors d’une grossesse, à cause du remaniement osseux qui est modifié au cours de cette période. Or une étude menée à l’hôpital Bichat de Paris, a montré que 0,8% des femmes enceintes avaient une plombémie supérieure à 100 µg/l ! Un taux loin d’être anecdotique. Les experts préconisent donc la recherche d’antécédents de saturnisme. Laquelle pourrait faire partie de l’entretien prénatal du 4ème mois.

  • Source : Panorama du Médecin, n°4915

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