Schizophrénie : la difficile perception du temps
18 septembre 2017
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La schizophrénie serait liée à des difficultés à percevoir le temps qui passe. Cette carence amplifierait les troubles du ‘soi’ dont souffrent de nombreux malades. C’est ce qu’ont pu observer des chercheurs de l’Inserm dans un travail publié dans la revue Scientific Reports.
La schizophrénie est une pathologie psychiatrique concernant 600 000 personnes en France. « Cette maladie peut être diagnostiquée grâce à deux aspects : des symptômes cliniques (hallucinations, idées délirantes, désorganisation, etc…) et des troubles cognitifs et neurobiologiques », rappelle l’Inserm. Or ces symptômes révèlent le plus souvent des troubles du ‘soi’, c’est-à-dire de « la perception que l’on a de soi-même, ‘je suis là, ici et maintenant’ ».
Dans le but de mettre en évidence un lien entre la perception du ‘soi’ et celle du temps qui passe, les scientifiques de l’équipe d’Anne Giersch* ont mené une étude chez 28 patients souffrant de schizophrénie et 24 sujets sains. En effet, « ensemble, ces deux perceptions nous permettent d’appréhender notre expérience vécue dans le temps ». Et « chez certaines personnes souffrant de schizophrénie, une fragilité des capacités de prédiction temporelle a été observée ».
Le temps trouble le ‘soi’ ?
Les chercheurs ont donc « mis en place un test cognitif pour analyser la prédiction temporelle de chaque sujet. Cette prédiction sert par exemple, à se préparer à appuyer sur l’accélérateur avant que le feu passe au vert. Plus largement, elle nous permet de lier des événements discontinus entre eux et d’atteindre un sentiment de continuité temporelle, indispensable pour une stabilité et une continuité de la vie subjective ».
Par ailleurs, « les patients ont été évalués à l’aide d’une échelle phénoménologique (étude des expériences rapportées par les patients), afin de détecter les troubles du ‘soi’ ». Ces derniers « attribuent par exemple des actes ou des pensées à d’autres personnes qu’eux-mêmes, ce qui génère une confusion entre le ‘soi’ et l’’autrui’ ».
Résultat, « les patients qui souffraient le plus d’un trouble de ‘soi’ présentaient également le plus de difficultés à percevoir le temps qui passe ». Ces observations « renforcent donc l’hypothèse d’un lien entre anomalies de prédiction temporelle (troubles cognitifs) et troubles du ‘soi’ (symptômes cliniques) », concluent les auteurs.
*Unité 1114 Inserm/ Université de Strasbourg