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© Roman Samborskyi/Shutterstock.com
Affectant le système nerveux central des jeunes adultes, la sclérose en plaques est une maladie auto-immune dont l’évolution, marquée par des poussées, engendre un handicap progressif. Des facteurs génétiques et environnementaux contribuent à son apparition.
En France, plus de 120 000 personnes sont touchées par cette pathologie, et plus de 70 % sont des femmes. Si les traitements préviennent de mieux en mieux l’apparition des poussées et retardent la survenue d’un handicap définitif, ils ne permettent pas de guérir la sclérose en plaques.
Des chercheurs du Karolinska Institutet de Stockholm (Suède) apportent néanmoins une note d’espoir aux patients. Selon eux, les propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices des nutriments présents dans le poisson pourraient ralentir la progression de l’invalidité.
Les scientifiques ont suivi entre 2005 et 2015, 2 719 patients nouvellement diagnostiqués, âgés en moyenne de 38 ans. Cette étude, baptisée « The Epidemiologic Investigation of Multiple Sclerosis (EIMS) », a analysé leur consommation de poisson et l’évolution de leur handicap.
Les données révèlent des chiffres impressionnants : les participants consommant le plus de poisson (gras ou maigre) au moment du diagnostic (de 2 à 6 fois par semaine) présentaient un risque réduit de 44 % de voir leur handicap s’aggraver.
Plus précisément, ils présentaient 45 % de risques en moins d’atteindre le niveau 3 sur l’échelle EDSS (Expanded Disability Status Scale) (l’échelle la plus communément utilisée pour évaluer l’incapacité dans la sclérose en plaques, ndlr) et 43 % moins de risques d’atteindre le niveau 4, comparativement aux personnes consommant peu ou pas de poisson.
L’étude s’est également intéressée aux changements d’habitudes alimentaires. Sur les 1 719 participants ayant répondu à un questionnaire de suivi en 2021, 288 avaient augmenté leur consommation de poisson. Fait remarquable, ceux qui sont passés d’une faible à une forte consommation dans les cinq ans suivant leur diagnostic ont vu leur risque d’aggravation du handicap diminuer de 20 %.
Les chercheurs attribuent ces effets bénéfiques à plusieurs facteurs. Si les oméga-3, présents principalement dans les poissons gras, jouent certainement un rôle, d’autres nutriments semblent également importants. La taurine, un acide aminé abondant dans le poisson, retient particulièrement l’attention des scientifiques. « La taurine est l’acide aminé libre le plus abondant dans le cerveau et, bien qu’il existe des mécanismes endogènes pour sa production, un apport exogène est nécessaire pour répondre aux besoins physiologiques », expliquent-ils. « Elle possède diverses fonctions cellulaires, notamment des actions cytoprotectrices par le biais d’effets antioxydants et anti-inflammatoires, ce qui en fait un agent thérapeutique potentiel pour les troubles neurologiques. Notre étude souligne l’importance potentielle de l’alimentation comme facteur modifiable dans la gestion de la SEP, pouvant compléter les stratégies thérapeutiques existantes. »
Source : https://jnnp.bmj.com/lookup/doi/10.1136/jnnp-2024-353200
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet