Sécu : la réforme pétard chinois

16 juin 2004

En attendant la présentation au Conseil des ministres du projet de loi portant réforme de la Sécurité sociale, chacun retient son souffle. Bien des changements sont possibles, même si l’on parle d’occasions manquées voire de fautes politiques…

Aucun acteur ne laisse entendre que Philippe Douste-Blazy ait fait autre chose qu’une magistrale démonstration politique ! Quitte à faire porter le chapeau à son prédécesseur, en quelques semaines il a donné à chacun le sentiment d’être entendu. Et même écouté ! Ici et là cependant des questions sont posées. Et les médecins, sans qui rien ne se fera, l’attendent au coin du bois.

Comment imaginer mettre en place une réforme digne de ce nom et efficace – de l’assurance maladie, n.d.l.r. – sans toucher au principal pourvoyeur de dépenses qui est l’hôpital ? C’est une hérésie. Voire une faute. ” Celui qui s’exprime ainsi est un ” ami ” du ministre en place. Mais son amitié n’exclut pas la vigilance. Et s’il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, c’est qu’effectivement certaines mesures actuellement évoquées risquent de ne pas résister aux faits. Lesquels sont têtus, particulièrement lorsqu’ils sont d’ordre comptable.

Il est évidemment absurde d’espérer combler le déficit de l’assurance maladie en focalisant les recherches d’économies sur le médicament – un budget total inférieur au montant du déficit attendu ! – ou les actes professionnels. Il l’est tout autant d’attendre des miracles d’une politique élargie de génériques. Certains parlent de 1 milliard d’euros – ce serait déjà fort beau – mais il en est même qui rêvent de 3 voire 4 milliards…

Tôt ou tard, le locataire de l’avenue de Ségur devra entrer dans le concret. Connaissant l’état de précarité des baux ministériels, mieux vaudrait tôt…

La réforme de l’hôpital va se retrouver au premier rang des exigences. Avec plus de 50 milliards d’euros, c’est un ” gisement ” que nul ne voudra laisser… inexploité ! Sans oublier que Philippe Douste-Blazy sera tenu comptable des promesses qu’il a faites aux uns et aux autres. Les médecins par exemple, l’attendent sur une dizaine de points très précis. Des points sur lesquels il a pris des engagements verbaux, mais parfois aussi écrits. Le statut social des médecins, les conditions de la liberté tarifaire, la garantie de négociations réellement démocratiques ressortissent du premier cas de figure. Mais la suppression du dispositif d’alerte comptable, la renonciation à toute mesure autoritaire sur les installations professionnelles et la reconnaissance du médecin traitant ont reçu des garanties écrites. Comme l’égalité de traitement entre la ville et l’hôpital. Tiens donc, nous y revoilà…

  • Source : INSERM, InVS, 9 juin 2004

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