











Accueil » Santé Publique » Sécu : les bons comptes de Xavier Bertrand
Xavier Bertrand est un ministre de la Santé ravi ! Il a de quoi puisque selon lui, la réforme de l’Assurance-maladie qu’il a pilotée dans l’ombre de Philippe Douste-Blazy “marche“. Les chiffres plaident en sa faveur. Mais, il y a des “mais…”.
Le bilan comptable semble en effet positif. Le déficit du régime général de la Sécurité sociale n’a atteint “que” 11,6 milliards d’euros en 2005. Or l’objectif fixé par la Commission des comptes en septembre 2005, était de faire au pire, aussi mal qu’en 2004. En d’autres termes, il s’agissait de limiter ce déficit à 11,9 milliards d’euros.
Cette diminution finalement légère, a principalement été obtenue grâce au redressement de la branche maladie dont le “trou” a été ramené à 8 milliards d’euros sur 2005. Contre tout de même 11,4 milliards l’année précédente. Et encore, “sans la réforme ce déficit aurait atteint 16 milliards en 2005” affirme le ministère. Lequel félicite à tours de bras, les patients pour saluer leurs changements de comportement et les médecins qui ont prescrit plus de génériques.
“Sur un plan purement comptable il y a eu de vraies améliorations” analyse le Dr Dinorino Cabrera, Président du syndicat des Médecins libéraux (SML). “Grâce à tous c’est vrai, même si les patients ont presque été forcés. L’implication des médecins a été réelle, mais ils n’ont pas été récompensés en retour“. Le prix des consultations va pourtant passer à 21 euros le 1er août. Mais pour l’obtenir, les libéraux ont dû s’engager sur de nouveaux objectifs d’économies : 1,4 milliard d’euros sur 2006 et 2007. “Le SML était opposé à cette nouvelle condition” poursuit le Dr Cabrera. “J’attends donc de voir dans la pratique, comment vont réagir les médecins“. Autrement dit, s’ils vont poursuivre leurs efforts…
Et l’hôpital ?
Toujours sur le front de la réforme, le ministère se félicite que 38 millions d’assurés aient choisi un médecin traitant. Et surtout que 99,6% des généralistes aient intégré le dispositif. “Cela n’a rien d’extraordinaire. On imagine mal un médecin rester en dehors…” ironise Dinorino Cabrera.
L’on apprend aussi que 13 000 médecins ont suivi une formation médicale continue en 2005. Soit à peine 10% de l’effectif médical. Une misère, non ? Pour le Dr Cabrera “ce n’est pas négligeable d’autant que la formation continue n’était pas obligatoire“. Ce qui devrait bientôt changer. Sans oublier le fait que ce chiffre de 13 000 ne prend en compte que les formations estampillées “Assurance-maladie”… “Pas les autres, qu’elles soient liées à divers congrès professionnels, groupements associatifs et professionnels ou même laboratoires“.
Cette Présentation des comptes de la sécurité sociale 2005 n’évoque enfin quasiment pas… les dépenses hospitalières. Or c’est en effet le sujet qui fâche. Et pour cause, “l’hôpital – qui représente plus de la moitié des dépenses de l’Assurance-maladie, n.d.l.r. – est en débord complet” souligne le Dr Cabrera. “Je réclame depuis longtemps que l’hôpital participe à l’effort. Grâce notamment à une meilleure maîtrise des dépenses, celles liées aux consultations externes et aux urgences par exemple. Il semble aussi que les 35 heures continuent à peser lourdement“.
Source : Ministère de la Santé, 22 mars 2006, interview Dr Dinorino Cabrera, 23 mars 2006
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