











Le malade bénéficie-t-il vraiment aujourdhui des meilleures garanties quant à sa sécurité ? Le débat prend des proportions importantes aux USA et en Grande-Bretagne. Au centre de la discussion, la rosuvastatine et le consentement éclairé du patient.
Sombre printemps pour AstraZeneca, dont la statine voit ses problèmes considérablement aggravés outre-Atlantique. Car la rosuvastatine fait les frais dune pétition auprès de la FDA par lONG Public Citizen Health Research Group. Laquelle demande purement et simplement son retrait du marché !
Issue du mouvement de lavocat Ralph Nader, cette organisation motive sa demande par les accidents liés au produit. Une femme de 39 ans, sous rosuvastatine à 20 mg/jour, serait décédée de rhabdomyolyse associée à une insuffisance rénale. Un homme de 63 ans pour sa part, aurait développé une insuffisance rénale aiguë alors quil était traité par rosuvastatine à 10 mg/jour. Le produit introduit sur le marché français après la cérivastatine qui en a depuis été retirée pour les raisons que lon sait est aussi le seul de sa classe semble-t-il, qui ait entraîné des accidents de ce type au cours des essais cliniques.
Ce dernier point, souligné dès juillet 2003 devant un comité spécialisé de la FDA par le directeur de Public Citizen Sidney Wolfe, pèsera lourd. Selon lui, 2 cas dinsuffisance rénale et 7 de rhabdomyolyse ont alors été observés. Si lorganisation de consommateurs met la pression pour un retrait immédiat, cest que le fabricant prépare le lancement dune campagne de publicité grand-public, la communication Direct To Consumer qui est autorisée aux USA.
Mauvais karma donc, pour un produit dont le fabricant voulait faire un blockbuster. Officiellement ses porte-parole, cités par le Lancet, estiment quil ny a pas de problème « et que (son) profil de sécurité ( ) est cohérent avec les données retenues aux Etats Unis et celles des autres statines. » Dans ce contexte, le dossier de plusieurs pages que la revue française Prescrire se prépare à publier dans son numéro davril sera lu avec attention…
et le projet de loi sur les essais cliniques fait des vagues outre-Manche
En Grande-Bretagne cest la mise en oeuvre de la directive européenne sur le consentement éclairé du patient qui agite le Landerneau médical ! Le problème, là comme ailleurs, est de déterminer comment dans la perspective dessais cliniques, obtenir le consentement éclairé de patients incapables. En France, le Comité consultatif national déthique (CCNE) avait proposé « que soit mise à l’étude la possibilité pour toute personne de désigner pour elle-même un représentant. » Solution imparfaite car incomplète (Quid des patients qui nont pas procédé à cette désignation avant leur incapacité ?) mais qui sur le plan de léthique, paraît inattaquable.
Outre-Manche cependant, le ministère de la Santé vient de produire un avis qui secoue les professionnels. Et probablement sous peu, les patients eux-mêmes. Dans le cas des essais cliniques menés dans des conditions critiques en effet, lavis ministériel indique que ce représentant légal sera « probablement un représentant professionnel. » Un médecin donc (à condition semble-t-il quil ne soit pas lié à lessai en cours
), un aumônier ou une assistante sociale
Sur fond de scandale provoqué par le prélèvement non autorisé dorganes sur des patients décédés, les professionnels se demandent aujourdhui qui parmi eux, acceptera cette responsabilité. Avec les risques qui lui seront liés. Les associations de patients nont pas encore donné leur avis.
Sources :The Lancet, vol 363 pp. 871 et 785, La Revue Prescrire, tome 24 n°249, avril 2004, pp. 245-9 et CCNE
Source : WHO/UNICEF, 23 March 2004