











© Andrey_Popov /shutterstock.com
Des chercheurs américains de l’Université Tulane à la Nouvelle-Orléans ont analysé les données médicales de 501 379 volontaires, suivis dans la Biobank britannique. Ils ont décortiqué leurs habitudes alimentaires (il leur avait été régulièrement demandé par questionnaire s’ils salaient parfois, souvent, toujours ou jamais leurs aliments) et leurs analyses d’urine, en particulier leurs taux de sodium et de potassium. Ils ont ensuite recherché les corrélations entre leur consommation de sel et le risque de mourir prématurément.
Leurs calculs montrent que 28% des 18 474 décès prématurés recensés (survenus avant l’âge de 75 ans) sont imputables à l’ajout de sel dans l’alimentation. Les décès prématurés représentaient 3% des décès chez ceux qui ne salent jamais leur plat, mais 6% de ceux qui les salent toujours. Cependant, les auteurs de l’étude notent aussi que ces décès prématurés concernaient moins les personnes dont les urines s’avéraient riches en potassium, suggérant que le potassium pourrait contrecarrer les effets délétères du sodium…
Ils invitent donc à des études supplémentaires afin d’établir plus précisément les liens entre consommation de sel et mortalité prématurée. Dans cette étude, l’apport en sel n’était en effet pas quantifié. Et, par ailleurs, le sel ne vient pas que de la salière !
Tous les plats préparés, les condiments, le fromage, le jambon et les charcuteries en sont bourrés, sans oublier les sodas et le pain : ces aliments transformés comptent pour 75 à 80% des apports alimentaires en sel. Si les taux élevés de potassium dans les urines semblent protecteurs dans cette étude, c’est parce qu’ils témoignent d’une consommation élevée de fruits et légumes, et donc d’une alimentation plus saine !
Aussi, plutôt que de demander aux gens de mettre leur salière aux oubliettes, il serait sans doute plus efficace de contraindre les industriels à changer leurs pratiques, comme le commente une chercheuse suédoise dans l’éditorial qui accompagne l’article.
Pas question, évidemment, de supprimer totalement le sel, nous en avons besoin pour vivre de 2 à 3 g par jour (soient 2 à 3 pincées seulement). Mais point trop n’en faut, au risque sinon de favoriser l’apparition de cancer, d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’en limiter l’apport total à 5g (soient 2g de sodium), et moitié moins pour les enfants…
Source : Ma H et al. « Adding salt to foods and hazard of premature mortality », European Heart Journal, juillet 2022 (doi:10.1093/eurheartj/ehac208), OMS
Ecrit par : Clara Delpas — Édité par : Emmanuel Ducreuzet
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