Sevrage tabagique : savoir rebondir après une rechute

30 octobre 2018

Depuis 2016, novembre est marqué par l’opération #MoisSansTabac. Cette initiative – à laquelle s’associe le laboratoire Pfizer – suscite une belle mobilisation collective. Pourtant certains peinent à se débarrasser définitivement de la cigarette. L’édition 2018 est donc l’occasion de mentionner les solutions pour ne pas rechuter. Le point avec le Dr  Michel Underner, pneumologue et tabacologue au centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers.

Selon les données du Baromètre santé 2017, plus de 380 000 fumeurs quotidiens ont fait une tentative d’arrêt en lien avec la 1ère édition de #MoisSansTabac. Mais seuls 20% d’entre eux étaient toujours abstinents 6 mois plus tard. La rechute en matière de sevrage tabagique n’est donc pas exceptionnelle… mais elle n’a rien d’une fatalité.

Certains rencontrent bien évidemment plus de difficultés que d’autres à éteindre leur ultime cigarette.
« Les gros fumeurs (plus de 20 cigarettes par jour), les polyconsommateurs (notamment ceux qui consomment de l’alcool ou du cannabis…), les précaires, ceux qui vivent seuls ou encore ceux qui souffrent de dépression sont autant de publics à risque de rechute », analyse le Dr Underner. Certains parviennent à se défaire de leur addiction au premier essai. Mais, selon le « modèle du changement des comportements » de Prochaska et Di Clemente qui décrit les différentes étapes du sevrage (pré-intention, intention, préparation, action, maintien mais aussi assez fréquemment rechute), « en moyenne 3 à 4 tentatives sont nécessaires », continue Michel Underner.

50-50 

Pour contrer la rechute, le secret d’un sevrage réussi, c’est 50% de suivi et 50% de traitement adapté.
« L’un sans l’autre, ce serait comme un avion qui n’a qu’un seul réacteur », lance le pneumologue.  « L’accompagnement est primordial. Et le médecin généraliste joue un rôle clé. De nombreux patients racontent que c’est la première fois que l’on prend le temps de les écouter sur leur dépendance. Derrière le tabac peuvent se cacher de nombreuses choses (problèmes de santé, problèmes personnels…) qu’il faut reconnaître. Avec un professionnel de santé, le patient ne sera pas jugé, mais aidé.  »

Autre élément important de l’équation : la prise en charge thérapeutique. « Dans l’aide au patient qui a rechuté, tenir compte de son choix et de son ressenti, c’est très important. On va écouter le patient et ce qu’il aimerait comme méthode d’arrêt. »

Si vos précédentes tentatives se sont soldées par une rechute, souvent vécue comme un « échec », votre médecin peut vous orienter vers des solutions alternatives médicamenteuses. Des thérapies cognitives et comportementales peuvent aussi être envisagées. Alors n’attendez plus et parlez-en à votre médecin.

Le pneumologue conseille enfin et surtout de pratiquer une activité physique. Et ce pour trois raisons : « cela limite la prise de poids, diminue l’anxiété et la dépression et le fait de pratiquer une activité réduit l’envie de fumer. »Dans le cadre du Moi(s) sans tabac, vous pouvez consulter aussi le site www.jarrete-la-cigarette.fr. Vous y trouverez des conseils pour vous faire aider, des « trucs et astuces » pour arrêter la cigarette ou encore un programme de coaching personnalisable.

  • Source : Baromètre santé 2017, Santé publique France - Haute Autorité de Santé, Annexe à la recommandation de bonne pratique « Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence », Modèle transthéorique des changements de comportements de Prochaska et DiClemente, octobre 2014 – Interview du Dr Michel Underner

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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