S’extraire des griffes perverses d’un manipulateur…
08 juin 2022
Au sein du couple, de la famille, au travail ou encore en amitié… La manipulation mentale ne se heurte à aucune forme de limite. Dans son aspect le plus pervers et malsain, elle se caractérise par sa capacité destructrice, souvent difficile à appréhender, du côté de la victime.
« Abus moral ». Manipuler ? « C’est exercer une influence sur l’autre, sans qu’il en soit avisé, au détriment de son désir et de son consentement », décrit Antoine Spath, psychologue et auteur d’un ouvrage intitulé Ne plus se laisser manipuler, c’est malin. Mais le degré de manipulation se définit surtout par sa finalité : « qu’est-ce que l’on veut obtenir de l’autre ? ». Il peut s’agir du « bébé qui boude pour attendrir ses parents. Ou du chien qui cherche la caresse »… Autant de situations où il est aisé de concéder du terrain sans conséquence majeure sur le plan de « l’identité ou du respect d’une personne ». En revanche, la manipulation, dans toute sa perversité se caractérise elle, par « une forme d’abus moral ».
Illusion. Antoine Spath cite le cas du pervers narcissique, dans un couple : « c’est le roi de la manipulation, érigée en mode de fonctionnement, dans toutes ses relations ». Mais aussi celui de l’escroc, attiré par l’appât du gain. « Le manipulateur vous fait toujours miroiter ce que vous n’avez pas et ce que vous espéreriez avoir ». « Il a cette capacité à sentir ce qui vous manque le plus et il vous donne l’illusion que vous pouvez y accéder ». Avec un prix à payer : lui obéir et suivre ses injonctions !
Etat de confusion. Le thérapeute met l’accent sur « une constante » du côté des victimes : « elles sont plongées dans un état de confusion ». En effet, le manipulateur maquille volontiers son désir « par des techniques telles que la séduction ou la flatterie. Voire la peur parfois, qui a tendance à sidérer ». De quoi entretenir une confusion totale dans l’esprit de la victime, sur fond d’absence de conscience des choses et de perte d’esprit critique.
Sous emprise et isolée. La victime se trouve alors sous emprise. Antoine Sapth évoque une « quasi-anesthésie de ses processus de défense ». Elle se sent également contrainte : « elle se situe dans un état dans lequel il lui paraît difficile de revenir en arrière ». Autre signe ? « Le manipulateur a tendance à isoler les personnes de leur entourage familial et amical ». Il fait le vide autour d’elles, « au nom de principes moraux élevés ».
Une issue difficile… Bien souvent, la victime parvient à ouvrir les yeux par l’intermédiaire d’une tierce personne « ou lorsque des enfants se trouvent en jeu. Elle éprouve des difficultés à réaliser ce qu’elle a subi, au point de ressentir une forme de honte vis-à-vis de son entourage », conclut le psychologue. Sortir des griffes du manipulateur s’apparente donc à un processus long et douloureux et peut nécessiter un accompagnement thérapeutique. Pour se réparer et reprendre confiance.
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Source : Interview d’Antoine Spath, 3 juin 2022 - Ne plus se laisser manipuler, c’est malin. Antoine Spath. Leduc.S Editeur
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet