SIDA : les pays riches généreux mais
dans le désordre
21 juillet 2003
A la dernière réunion des donateurs au Fonds global contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, les pays riches ont fait assaut de générosité. Dans les mots, en tout cas
Mais leur apparente générosité manque pour le moins de cohérence.
Président de la Commission européenne, Romano Prodi sest personnellement engagé à obtenir des Quinze, un milliard de dollars pour lexercice 2004 du Fonds. Jacques Chirac lui, a réitéré son appel à lUnion pour un engagement dun milliard, mais pour chaque exercice à venir. Il a aussi appelé nos cousins nord-américains à verser la même somme, le Fonds étant supposé représenter la solidarité internationale contre ces maladies de la pauvreté.
Nelson Mandela, Prix Nobel de la Paix et ancien président Sud-africain, a lui aussi appelé à soutenir cette forme dinitiative. Pourquoi un tel déploiement dénergie, alors que largent paraît affluer grâce au déblocage des Etats-Unis notamment ? Précisément parce que le déblocage nest quapparent. Certes, George W. Bush a promis 15 milliards de dollars sur les 5 prochaines années. Mais sauf changement, ces dons ne seront pas versés au Fonds global. Ils iront à certains pays sélectionnés, sous conditions restrictives : bonne gouvernance, engagement actif dans la lutte anti-terroriste, acceptation des OGM dans laide alimentaire
Sur le front des fondations privées la situation nest pas plus claire. Bien des initiatives se déroulent à droite ou à gauche, sans schéma politique précis. Rares sont les programmes qui offrent une vision globale de la lutte contre le VIH. Celui mené au Botswana sous légide du gouvernement local, de la Fondation Bill & Melinda Gates et de la Fondation Merck en est un exemple intéressant. Avec 100 millions de dollars sur 5 ans, il sattaque à tous les aspects du problème et pas seulement à laccès aux soins, même sil est essentiel. Plus de 40% des fonds sont ainsi réservés à la prévention, à laccompagnement des malades, au soutien des orphelins. Or comme lexplique Bradd Rydder, lun des responsables de ce programme, « dici 2010 ils seront plus de 200 000 au Botswana
»
Aujourdhui le Fonds global a investi 1,5 milliards de dollars dans 150 programmes, auprès de 92 pays. La baisse des prix des anti rétroviraux permet de traiter 300 000 patients dans une soixantaine de pays
mais ils seraient 6 millions à relever de ces traitements. Lobjectif de 3 millions de patients traités en 2005, poursuivi par lOMS et ses partenaires, nest pas hors de portée. Mais il va demander une solidarité mieux ordonnée. Car aujourdhui, le Conseil de lUE rappelle que cette dernière fournit « plus de 50% de laide totale au développement et 65% de lassistance mondiale en matière de santé, SIDA et démographie dans les pays en développement (et) 55% du total des contributions au Fonds global. »
Sources: 2ème conférence de lIAS sur le VIH, Paris, 13-16 juillet 2003 ; Réunion des donateurs du Fonds global contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, Paris, 16 juillet 2003 ; Partnerships for an AIDS free Generation, http://www.achap.org, Paris, 16 juillet 2003.