SIDA : quand l’homme manie la peur…
01 décembre 2004
Depuis 1988, le 1er décembre est synonyme de mobilisation contre le SIDA. C’est en effet la Journée mondiale de lutte contre un fléau qui s’étend chaque jour davantage. Les chiffres donnent le vertige. Et la pandémie n’est toujours pas sous contrôle.
Cette année les responsables d’ONUSIDA ont choisi d’interpeller les gouvernements sur la situation des femmes. Notamment sur le continent africain. Catherine Hankins, conseillère principale auprès du Directeur général de l’ONUSIDA, pousse un vrai cri d’alarme. “Les femmes sont extrêmement vulnérables. En Afrique si on regarde le taux d’infection chez les 15-24 ans, on constate que 76% des jeunes séropositifs sont des filles ou de jeunes femmes“.
Dans la plupart des cas, il s’agit de femmes mariées. “Nous avons réalisé une étude et nous avons observé que les jeunes femmes de 15 à 19 ans, mariées, présentaient un taux d’infection supérieur à celles du même âge qui étaient célibataires et sexuellement actives. En fait les maris, déjà très expérimentés, n’acceptent pas d’avoir des rapports protégés. A l’inverse les jeunes filles célibataires parviennent à convaincre leurs partenaires“.
Une autre étude menée en Afrique du Sud situe bien le problème de la vulnérabilité socio-économique des femmes. “Celles qui étaient séropositives avaient dans leur grande majorité, subi des violences de la part de leur mari“, souligne Catherine Hankins. La peur et la vulnérabilité, voici les deux leviers qu’utilisent les hommes pour asseoir leur pouvoir. Un pouvoir de mort…
Par ailleurs, en Europe de l’Est et en Asie centrale, l’injection de drogues favorise l’épidémie. Et dans ces deux régions, 80% des séropositifs ont moins de 30 ans. Comme l’explique Catherine Hankins, “en Europe de l’Est, de plus en plus de jeunes femmes s’infectent en se droguant. Le ratio homme/femme est même en train de s’inverser“.