Sommeil : prudence avec la mélatonine
25 avril 2022
La mélatonine est une hormone sécrétée naturellement pendant la nuit, que l’on retrouve en version synthétique dans de nombreux compléments alimentaires censés favoriser l’endormissement. Mais ils présentent au mieux un effet limité, au pire des effets indésirables importants.
La mélatonine secrétée par le cerveau a pour fonction principale d’informer l’organisme de l’alternance jour-nuit et de permettre l’endormissement. Absorbée sous forme de complément alimentaire, elle est donc utilisée pour combattre les troubles du sommeil.
Si le cerveau sécrète naturellement cette mélatonine, alors on pourrait penser qu’en prendre sous forme de complément alimentaire est sans risque. Mais ce n’est pas ce disent des analyses menées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
« Efficacité limitée »
D’abord parce que l’efficacité de la mélatonine de synthèse « est incertaine pour favoriser le sommeil », écrivaient en 2018 les rédacteurs de la revue Prescrire, et ce quels que soient sa dose et son statut (complément alimentaire ou médicament) : « en cas de mauvais sommeil, la mélatonine n’est pas plus efficace qu’un placebo à court terme ». Et, dans certains cas, elle exposerait à des effets secondaires importants.
L’Anses a ainsi comptabilisé 90 effets indésirables entre 2009 et 2017 ; de son côté, l’ANSM en a relevé plus de 200 entre 1985 et 2016. Des céphalées, des vertiges, de la somnolence, des cauchemars, des tremblements, des éruptions cutanées, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales… Car la mélatonine ne fait pas qu’induire le sommeil : elle possède d’autres propriétés comme la modulation de l’humeur et du système immunitaire ou la régulation de la température corporelle et de la motricité intestinale.
Et elle possède aussi une action vasodilatatrice, vasoconstrictrice et pro-inflammatoire. Ce sont ces effets physiologiques qui peuvent, « dans certaines conditions, ou lors d’interaction avec d’autres substances, conduire à l’apparition d’effets indésirables ».
Nombreuses restrictions
Dans un avis rendu en 2018, l’Anses recommande de ne pas utiliser les compléments alimentaires contenant de la mélatonine chez « les personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes, les femmes enceintes et allaitantes, les enfants et adolescents, et les personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue et pouvant poser un problème de sécurité en cas de somnolence ».
Son utilisation doit être soumise à avis médical chez les personnes épileptiques, asthmatiques, et chez les personnes souffrant de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité. Mais également chez toute personne suivant un traitement médicamenteux, afin d’éviter d’éventuelles interactions. De manière générale, ne consommez pas de complément alimentaire sans en parler d’abord avec votre médecin.
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Source : Prescrire, Anses, ANSM, Vidal - 23 mars 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche