Sotte manie des somnifères

10 mai 1997

« Les jeunes se shootent mais les vieux se droguent! Vous voyez la différence? » Cette formule anonyme que n’aurait pas reniée Coluche ou Pierre Desproges aborde dans toute sa brutalité le problème posé par le recours trop souvent injustifié à des médicaments (drugs en anglais) pour rechercher un état de bien-être: le sommeil. Nous sommes ainsi passés en 30 ans du besoin de sommeil naturel ou réparateur au droit au sommeil sur commande…

Un décret ministériel d’octobre 1971 avait pourtant limité à 4 semaines la prescription d’hypnotiques. Depuis lors, la délivrance de benzodiazépines (les « calmants ») a chuté de moitié. Mais dans les 5 dernières années qui viennent de s’écouler, de nouveaux hypnotiques sont apparus sur ce fructueux marché. Au total, la consommation globale de ces drogues a augmenté de 50%. Les personnes âgées, en particulier, ont du mal à admettre qu’avec les années on dort moins longtemps et un peu moins bien. Si le recours ponctuel à un somnifère peut se justifier durant quelques jours ou même quelques semaines, on peut rapidement se retrouver dans des situations dangereuses si on n’y prend garde. Il est essentiel de ne pas tomber en état de dépendance, celui qui vous amène chez le médecin pour seriner il-me-faut-mon-comprimé-tous-les-soirs-sinon-je-ne-dors-pas . Il suffirait sans doute d’un peu de raison de la part des patients – et de leurs médecins – pour que la France quitte sa première place mondiale en matière de consommation de ces drogues licites!

  • Source : OMS, 23 janvier 2001

Aller à la barre d’outils