Stérilet : une contraception pour toutes les femmes

20 mars 2014

En France, le dispositif intra-utérin (DIU), autrement appelé stérilet est très rarement prescrit aux femmes sans enfant. Pourtant la Haute autorité de Santé le considère comme moyen contraceptif de première intention. En réalité de nombreuses idées reçues persistent à son sujet. A l’occasion du 24e Salon de Gynécologie obstétrique pratique, qui se tient actuellement à Paris, deux gynécologues ont mis les points sur les « i ».

En France, 21% des femmes en âge de procréer recourent au dispositif intra-utérin. Mais seules 1,3% des 15-49 ans sans enfant portaient un stérilet en 2010. Pourtant selon la HAS, « il s’agit d’une méthode contraceptive de première intention, considérée comme très efficace, de longue durée d’action et pour laquelle aucun risque de cancer ni de risque cardiovasculaire n’est établi. Le recours à cette méthode contraceptive permet de s’exonérer des contraintes liées à l’observance de la prise ». Elle est peut donc être prescrite aux nullipares, autrement dit aux femmes sans enfant.

Comme l’explique le Dr Alain Proust, gynécologue-obstétricien à la maternité des Vallées, à Antony (92), « 69% des gynécologues et 84% des médecins généralistes ne conçoivent de prescrire un stérilet à une femme sans enfant. Nous avons en effet beaucoup de mal à changer nos habitudes ». Certains pensent même que ce moyen contraceptif est contre-indiqué aux femmes nullipares.

Le Dr Hortense Baffet, gynécologue à l’hôpital Jeanne de Flandre, à Lille, confirme. « Il y a beaucoup de trop d’idées reçues et de fausses croyances autour du stérilet. Les professionnels de santé surestiment les risques de grossesse extra-utérine et d’infections par exemple ». Or selon une méta-analyse de l’OMS, l’incidence des infections pelviennes chez les femmes sous DIU est de 1,4%. Un pourcentage identique à celui observé dans la population générale.

Une norme contraceptive figée ?

Les femmes estiment pour leur part qu’il s’agit d’un contraceptif abortif uniquement indiqué à celles qui ont déjà eu un enfant pour 54% d’entre elles », indique le Dr Baffet. « Et nous devons toujours faire face à cette terrible idée selon laquelle il rendrait les femmes stériles ».

Pour le Dr Alain Proust,  cette situation explique en quelque sorte le paradoxe français. « Même si l’offre contraceptive est très importante et très diverse en France, nous rencontrons de nombreux échecs contraceptifs. Deux grossesses sur trois non désirées se produisent sous contraceptif. » Et au total, 350 000 grossesses sont non prévues chaque année en France dont 210 000 donnent lieu à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un chiffre qui stagne depuis des années. D’où l’importance pour le Dr Proust « de proposer aux femmes le contraceptif qui leur convient le mieux. Le recours à l’IVG traduit avant tout les difficultés qu’ont les femmes à gérer leur contraception au quotidien, dans un contexte où la norme contraceptive évolue peu ».

  • Source : 24e Salon de Gynécologie obstétrique pratique, du 19 au 21 mars, Paris

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

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