Suicide : les réseaux sociaux, un nouveau facteur de risque ?
08 septembre 2017
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Le suicide est un fléau à l’origine de plus de 800 000 décès dans le monde chaque année. En France, 220 000 tentatives de suicide sont prises en charge par les urgences, et 10 500 personnes se donnent la mort. Les causes favorisant le passage à l’acte doivent être combattues. Mais cette année, à l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide ce 10 septembre, l’Inserm révèle l’impact de nouveaux facteurs de risque, comme les réseaux sociaux.
Plusieurs facteurs de risque, comme les problèmes d’alcool, de drogue, d’identité sexuelle, de forte impulsivité, d’isolement social, d’âge avancé augmenteraient les envies suicidaires. Et « la dépression représente quant à elle 70% des causes du passage à l’acte », indique l’Inserm.
Il semble que depuis quelques années, de nouveaux éléments déclencheurs entrent en action en matière d’idées suicidaires et de passages à l’acte. Ainsi, Catherine Jousselme, chercheuse Inserm au sein de l’Unité « Santé mentale et santé publique », explique qu’avec les réseaux sociaux, « le meilleur comme le pire peut arriver : bien qu’ils permettent de s’exprimer, ils provoquent également l’isolement ».
« Quand l’adolescent se sent mal, exister et être important sont des choses qui l’aident à aller mieux. La mise en scène du suicide sur les réseaux sociaux lui donne l’impression de ‘mourir en héros’ », explique-t-elle. Une réalité qui rappelle que chez les 15-29 ans, le suicide représente la deuxième cause de mortalité.
Une enquête, coordonnée par l’Inserm et le pôle Universitaire de la Fondation Vallée* montre que les tentatives de suicide semblent être plus fréquentes qu’auparavant
Comment prévenir ?
Aujourd’hui « certains moyens sont mis en place pour prévenir le suicide comme la censure des réseaux sociaux, la dénonciation des contenus, la présence des services de prévention sur ces réseaux… », indique l’Inserm. Toutefois « éduquer les jeunes en leur enseignant les bons gestes à adopter reste le meilleur moyen de lutter contre ce fléau ».
Pour aller dans ce sens, l’Unité mixte de recherche 1123 –Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables (ECEVE) a développé l’application STOPBLUES. Celle-ci permet à son utilisateur d’avoir accès à des informations (vidéos de professionnels, de malades ou de proches), ou encore de remplir des questionnaires d’auto-évaluation de façon anonyme.
Autre option proposée : un mapping permet de trouver à proximité des médecins, des centres médicaux psychologiques ou encore des associations si besoin. « En somme, il s’agit d’une sorte de compagnon virtuel, chargé d’accompagner, de renseigner et de rassurer les utilisateurs en souffrance », précise l’Inserm. L’application sera disponible dès novembre 2017, un site internet sera également mis en ligne.
*menée en 2013 auprès de 15 235 jeunes scolarisés, âgés de 13 à 18 ans