Suicides chez les Inuits : des chiffres affolants

17 juin 2013

Le taux de suicide chez les Inuits est 8 fois plus élevé qu’en France. ©Phovoir

Pourquoi se suicide-t-on autant dans le Nunavut ? Des scientifiques canadiens se sont penchés sur l’important taux de suicide dans cet immense territoire canadien où vivent les Inuits. Ils ont pour cela utilisé la technique de l’autopsie psychologique. De quoi s’agit-il ? Quels résultats ont-ils observé ? Réponses.

Le taux de suicide parmi les Inuits du Nunavut s’élève à 110 pour 100 000 habitants. Il est 10 fois plus élevé que dans le reste du Canada (11,3 pour 100 000) où le taux est légèrement moins élevé que celui de la France (14,7 pour 100 000) ! Chez les Inuits de 15-24 ans, la situation apparaît particulièrement critique puisque ce taux grimpe à 500 pour 100 000. Soit une proportion 50 fois plus grande que le taux national.

Des chercheurs de l’Université McGill à Montréal ont voulu en savoir davantage sur les causes de ces suicides. Ils ont pour cela employé une méthode relativement nouvelle : l’autopsie psychologique. Elle est fondée sur le recueil minutieux d’informations dans l’entourage du défunt. L’objectif étant de parvenir à cerner au mieux l’état d’esprit de la victime au moment de son acte. Et à plus large échelle, d’utiliser les données récoltées à des fins de prévention.

L’impact des violences sexuelles…

Les auteurs ont donc isolé 120 suicides survenus sur ce territoire de 34 000 habitants, entre 2003 et 2006. Les victimes étaient âgées de 13 à 62 ans. Ils ont ensuite interrogé 498 personnes, des parents ou amis du défunt. Au final, ce travail confirme – sans surprise – l’impact important de la dépression : 54% des victimes souffraient de dépression majeure. Ils ont par ailleurs observé qu’une minorité de ces patients étaient traités (12,5%).

Les auteurs ont surtout mis en évidence une « relation forte » entre le risque de suicide et le fait d’avoir été victime d’abus sexuels et d’autres types de violences physiques au cours de l’enfance. L’objectif reste désormais de retranscrire ces résultats en éléments de prévention. « Il est très important de s’y pencher », conclut le psychiatre Eduardo Chachamovitch qui a participé à cette étude. « Si de tels chiffres étaient obervés dans le Sud (du Canada, n.d.l.r.), ce serait considéré comme une crise majeure ».

Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

 

  • Source : Canadian Medical Association Journal (CMAJ), 5 juin 2013 – INSEE, 18 décembre 2012

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