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Samedi 7 juin se tient la Journée nationale de l’eczéma, organisée par l’Association française de l’eczéma. Cette affection cutanée touche 4 millions de personnes en France, dont 2,5 millions d’adultes. Il s’agit de la deuxième maladie de peau la plus fréquente après l’acné. Maladie prurigineuse chronique, cette dermatose évolue par poussées, déclenchées par divers facteurs tels que le stress, la pollution, les changements hormonaux…
Pour cette 11e édition, l’accent est mis sur la santé mentale. Car eczéma et santé mentale sont en effet étroitement liés. Selon différents chiffres avancés par l’Association française de l’eczéma, 40 % des femmes et 30,5 % des hommes atteints d’eczéma, ou dermatite atopique, présentent un risque dépressif. 38 % des personnes d’atteintes d’eczéma sévère (et 25 % des cas modérés) se déclarent déprimés en permanence. Pour gérer les répercussions mentales de la maladie, 23 % des femmes et 21 % des hommes expriment le besoin de plus de soutien psychologique. Un chiffre qui augmente à 31 % en cas d’eczéma modéré à sévère.
« Cela peut créer un sentiment d’insécurité et de rejet, qui va détériorer l’estime de soi et favoriser un sentiment d’isolement. La stigmatisation sociale, la honte, la culpabilité et la frustration sont assez courantes chez ces patients. Ce sont autant de facteurs qui affectent la qualité de vie, entretiennent l’anxiété dans la durée et conduisent parfois les patients vers la dépression », explique Céline Le Bivic, psychologue clinicienne à l’hôpital Saint-Louis à Paris, citée par l’Association française de l’eczéma. Les patients sont ainsi souvent confrontés à la stigmatisation, réelle ou perçue. « Ils sont vulnérables aux jugements, avec un sentiment fréquent de gêne et d’infériorité. En se sentant différentes des autres, ces personnes ont tendance à vouloir cacher leur peau… et pas que leur peau ! Elles cherchent parfois à se cacher le plus possible, à devenir comme ‘transparentes’ pour ne pas attirer l’attention, jusqu’à s’isoler socialement ».
Dans ce contexte, l’accompagnement psychologique des patients doit faire partie intégrante de leur prise en charge. Objectif : leur donner les armes pour surmonter la stigmatisation et apprivoiser cette maladie. Et ce d’autant plus que le stress que les patientes peuvent ressentir agit sur la maladie. « Le stress est un facteur non seulement déclenchant mais aussi aggravant des symptômes d’eczéma, et inversement, l’eczéma peut générer du stress, créant ainsi un cercle vicieux. Le stress génère des réactions biologiques dans le corps avec des niveaux élevés de cortisol (une hormone liée au stress), ce qui impacte le système immunitaire et provoque l’inflammation, aggravant ainsi les symptômes de l’eczéma », poursuit Céline Le Bivic.
La spécialiste livre plusieurs conseils pour réduire les effets du stress sur l’eczéma et améliorer le retentissement psychologique :
Céline Le Bivic recommande en outre une prise en charge physique et psychologique afin de s’occuper de l’ensemble des symptômes. « Je conseillerais de consulter un thérapeute formé (psychologue, psychiatre, psychothérapeute) qui a une approche et une expérience incluant le corps. Bien sûr, il ne faut pas oublier l’intérêt d’un environnement de soutien, comme l’Association Française de l’Eczéma, pour permettre aux patients de partager des expériences, de se sentir compris et moins isolés ».
Une attention particulière doit être portée aux enfants, qui doivent se construire avec la maladie. Ainsi, 67 % des adultes ont été stigmatisés à cause de leur eczéma, entraînant des conséquences à l’âge adulte. Les enfants stigmatisés présentent plus de probabilité d’avoir besoin d’un soutien psychologique à l’âge adulte. La prise en charge psychologique de l’eczéma chez l’enfant est primordiale pour son bon développement.
Car en plus d’être stigmatisés, rejetés et parfois moqués par leurs camarades, ils sont aussi empêchés dans leurs activités. Les démangeaisons incessantes et les douleurs peuvent aussi impacter leur sommeil et leur concentration, avec des conséquences sur leurs résultats scolaires, à court, moyen et long terme. C’est pourquoi un soutien psychologique précoce est préconisé. Celui-ci permettra de limiter les répercussions psychologiques de la maladie à l’âge adulte. La famille et les enseignants ont aussi un rôle à jouer en créant un climat apaisé et soutenant autour de la maladie.
Source : Association française de l'eczéma, Ameli.fr
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet