Surdité : le dépistage précoce sera-t-il finalement voté ?
19 mai 2011
La proposition de loi sur le dépistage précoce des troubles de l’audition chez le nouveau-né sera-t-elle adoptée en force par l’Assemblée nationale ? Jean-Pierre Dupont, député UMP de la Corrèze et auteur de cette proposition, espère vivement que ce sera chose faite dès ce jeudi. Le problème est que « certains (parlementaires) dont les socialistes, semblent vouloir donner une tournure polémique et politique à cette mesure de santé publique », nous explique-t-il.
En France, la surdité congénitale frappe entre 1 enfant sur 700 et 1 enfant sur 1 000. A l’âge de 4 ans, deux sur mille souffrent de surdité évolutive. Or plus la surdité est diagnostiquée tardivement, plus le développement de l’enfant sera problématique : retard dans l’acquisition du langage oral puis écrit, troubles du comportement, difficultés scolaires ou sociales et à terme, professionnelles.
Concrètement, le dépistage devrait comporter plusieurs phases. La première reposera sur un repérage des troubles de l’audition réalisé dans les trois jours suivant la naissance. Si cet examen n’a pas permis d’apprécier les capacités auditives de l’enfant, des investigations complémentaires seront réalisées avant la fin du troisième mois. En cas de surdité avérée, les parents devront disposer d’une information sur les différents modes de communication existants et leur accessibilité. Sans oublier les mesures de prise en charge et d’accompagnement.
Des manœuvres politiques et polémiques…
Réclamée de longue date par certains médecins, l’instauration de ce dépistage est un véritable serpent de mer. Dans un premier temps, le texte a été adopté à l’Assemblée nationale le 30 novembre 2010. Puis il a été déposé au Sénat en décembre 2010. En raison de l’encombrement de l’agenda législatif, les sénateurs n’ont pas (encore) été en mesure de l’examiner. Edwige Antier, député UMP de Paris et co-auteur de la proposition de loi, a souhaité accélérer la procédure. Elle a déposé un amendement visant à voter le texte dans le cadre d’une proposition de loi modificative portant sur différentes dispositions de la loi HPST. Laquelle rappelons-le, a déjà été adoptée par le Sénat. Si tel est le cas, le texte sur le dépistage précoce de la surdité sera donc adopté sans avoir été débattu au Sénat.
Cette procédure, acceptée par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, attise les critiques de l’opposition et des associations de patients. Ces dernières reprochent aux députés d’avoir ‘court-circuité’ la Chambre haute, et de ne pas avoir mené de concertation avec les associations représentant les personnes sourdes et malentendantes.
« Le sujet du dépistage précoce a fait l’objet depuis février 2010 de longues heures de débats. Notre proposition sur le dépistage précoce de la surdité s’appuie sur des données scientifiques. Nous ne comprenons pas le volet politique de cette affaire, c’est lamentable » explique Jean-Pierre Dupont. « Des expérimentations ont été faites dans notre pays. Elles ont démontré l’efficacité du dépistage précoce de la surdité. »
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Source : Union Nationale des Parents d’Enfants Déficients Auditifs, site consulté le 19 mai 2011 – Interview de Jean-Pierre Dupont, 19 mai 2011 – Assemblée nationale, site consulté le 19 mai 2011