Surmenage, burn-out, blessures : les dangers du rythme infernal des footballeurs
01 octobre 2024
Multiplication des matchs, des entraînements, des déplacements, obligation de résultats… Plusieurs joueurs de grands clubs européens se plaignent des cadences infernales dans lesquels ils doivent pratiquer le football. Certains appellent même à la grève pour dénoncer une situation inédite qui met en jeu leur santé physique et mentale
Ras le bol. C’est, sans caricaturer, l’état d’esprit de nombreux footballeurs professionnels face à l’explosion du nombre de matchs qu’ils doivent jouer sur une saison. Le joueur de Manchester City, Rodri, laissait récemment planer la possibilité d’une grève, dénonçant un calendrier surchargé. Des propos largement repris par d’autres footballeurs.
Et ce n’est pas un caprice de stars. Un chiffre parlant : à 20 ans, le joueur du Real Madrid Jude Bellingham, a déjà joué 251 matchs sur les terrains pro. En comparaison, David Beckham, au même âge, en avait joué 54.
Un rapport accablant
Dans un rapport rendu début septembre, la Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPro) va largement dans le sens des joueurs et explique que sur la saison 2023-2024 :
-
- de nombreux joueurs ont eu moins d’un jour de congé par semaine ;
- 54 % ont été confrontés à une charge de travail élevée ou excessive ;
- près d’un tiers des joueurs avait joué plus de 55 matches la saison précédente ;
- près d’un tiers (30 %) a joué deux matches ou plus par semaine pendant au moins six semaines consécutives.
Si certains « supporters » hurlent déjà au scandale arguant que ce sont de millionnaires qui n’ont rien d’autre à faire que de courir après un ballon, du côté du corps médical, on insiste sur les dangers réels auxquels s’exposent les athlètes.
« Il est prouvé que la cannibalisation (sic) du calendrier des matchs soumet les joueurs de haut niveau d’aujourd’hui à un stress mental et physique plus important que la génération précédente », a déclaré Jonas Baer-Hoffmann, secrétaire général de la FIFPro.
Même son de cloche du côté de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP). Selon elle, « l’augmentation drastique du nombre de blessés ne doit rien au hasard ». Et avec des formats élargis des compétitions de clubs, comme la Coupe du monde des clubs de la FIFA et la Ligue des champions de l’UEFA, l’UNFP estime que « ce ne sont là que les prémices d’une crise plus profonde encore… ».
Des professionnels au bord du burnout
Fatigue et stress risquent ainsi de multiplier les cas de blessures. Bien que ces dernières soient souvent attribuées à des causes physiques telles que l’excès d’entraînement et l’épuisement, il est crucial de ne pas sous-estimer l’impact psychologique de ces cadences. L’état mental de l’athlète influence significativement sa susceptibilité aux blessures : il affecte ses capacités d’attention et augmente les tensions musculaires. Un stress qui altère aussi ses capacités à retrouver rapidement ses aptitudes physiques optimales.
Notons par exemple, que la semaine dernière, Rodri, celui-là même qui avait dénoncé les cadences infernales, s’est rompu les ligaments croisés du genou droit. Et qu’il ne rejouera pas cette saison.
Des mesures, et vite !
La FIFPro, comme de plus en plus de joueurs et d’entraîneurs, demande en outre l’adoption de mesures de protection, notamment des pauses obligatoires en cours de saison et en fin de saison, des pauses régulières en dehors de l’environnement du club, une limitation des matchs consécutifs et une minimisation des déplacements internationaux.