Surpoids et obésité de l’enfant : intervenir au plus tôt

02 mars 2022

Dépister le plus précocement possible, prendre en compte l’IMC mais aussi la souffrance psychologique, l’isolement, ne pas prioriser la perte de poids dans le suivi : voici quelques pistes proposées par la Haute autorité de Santé pour améliorer le dépistage et la prise en charge du surpoids et de l’obésité infantile.

Comment améliorer la détection et la prise en charge des enfants souffrant de surpoids et d’obésité en France ? La Haute autorité de Santé (HAS) répond à cette question ce 2 mars. Voici les principales pistes évoquées, en lien avec « la stratégie de transformation du système de santé « Ma santé 2022 » et avec « la feuille de route interministérielle sur l’obésité (2019-2022) » :

  • Repérer précocement. Première porte d’entrée dans le dépistage qui doit survenir le plus tôt possible : le recueil précis de « l’indice de masse corporelle (IMC)* et l’analyse de la courbe de croissance » à l’occasion « de consultations (examens de santé, vaccination, renouvellement de licence sportive…) pour dépister et faire le point sur les habitudes de vie » ;
  • Prendre en compte le vécu de l’enfant. Pour la HAS, il est important de ne pas se contenter des critères cités ci-dessus pour poser le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité. « La prise de poids peut être symptomatique d’une souffrance prenant la forme d’un ‘appel au secours’ qu’il est essentiel d’entendre », note l’autorité ;
  • Ne pas prioriser la perte des kilos. Comme le rappelle la HAS, la prise en charge de l’enfant doit se faire progressivement, en misant tout d’abord sur les habitudes de vie ou le bien-être de l’enfant. En effet, « la perte du poids n’est pas un objectif prioritaire sauf en cas de complications » ;
  • Repérer dans un premier temps « les éventuelles difficultés psychologiques, sociales, scolaires, associées en tant que causes ou conséquences de l’obésité ». Cette évaluation doit, selon la HAS, être « réalisée en premier lieu par le médecin qui suit l’enfant ou l’adolescent ». Elle « nécessite une consultation longue menée si nécessaire en deux temps : avec les parents, puis l’enfant seul ». Au besoin, l’enfant sera dirigé vers un spécialiste de proximité** ;
  • Adapter la prise en charge en fonction du degré de complications.

Ces propositions émises par la HAS viennent renforcer la prévention et le suivi du surpoids concernant 17% des 6-17 ans, et de l’obésité affectant 3,9% des enfants en France. Au total, 38 millions de jeunes de moins de 5 ans souffrent de surpoids ou d’obésité à l’échelle mondiale***.

L’obésité, un poids physiologique et psychologique

L’obésité n’a rien d’anodin. Cette « maladie chronique complexe peut entraîner dès l’enfance, des difficultés respiratoires, des troubles musculosquelettiques, un risque accru de fractures ou encore une hypertension artérielle », rappelle la HAS. Sans compter le retentissement sur la sphère psycho-sociale. « Les enfants et adolescents en situation de surpoids ou d’obésité sont généralement moins épanouis, ont une moins bonne image de leur corps, sont plus souvent harcelés et peuvent avoir de moins bons résultats scolaires. »

La prise en charge précoce du surpoids et de l’obésité « s’avère d’autant plus importante que si la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à 50 % avant la puberté, elle atteint 50 à 70 % après la puberté ».

A noter : sur le long terme, un enfant obèse devenu adulte encoure un sur-risque de cancer.

*mesure correspondant au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2. L’IMC du surpoids est compris égal ou supérieur à 25 kg/m2. L’IMC de l’obésité est égale ou supérieur à 30 kg/m2. Au-delà de 35 kg/m2, on parle d’obésité sévère et morbide quand l’IMC dépasse 40 kg/m2

**Données 2019, Organisation mondiale de la Santé (OMS)

***« infirmier dans le cadre d’un exercice coordonné, psychologue, pédopsychiatre, diététicien, enseignant en activité physique adaptée, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, travailleur social, service de la santé scolaire »

  • Source : Haute autorité de Santé (HAS), le 2 mars 2022 – Ministère des Solidarités et de la Santé - Organisation mondiale de la Santé (OMS) - ESTEBAN (Étude de SanTé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition), 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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