Surpoids, obésité : l’écart se creuse chez les enfants
15 mars 2011
En moyenne, les enfants d’ouvriers souffrent davantage de surcharge pondérale que ceux des cadres. Selon les données recueillies en 2005-2006 auprès de 23 000 petits, l’écart entre ces deux catégories socioprofessionnelles persiste en effet. Comme le soulignent les rédacteurs du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH), les enfants issus des catégories les plus favorisées ont davantage tiré bénéfice des programmes et campagnes nationales visant à promouvoir une alimentation équilibrée.
La prévalence du surpoids chez les 5-6 ans, s’inscrit généralement en baisse. En 2005-2006, date du recueil de ces données, la surcharge pondérale concernait 12,1% de tous les petits Français, au lieu de 14,4% en 2000. Pour l’obésité, même constat avec 3,1% d’obèses en 2005-2006, tandis que leur proportion s’établissait à 3,4% en 2000.Selon les auteurs, « la baisse est contemporaine de la mise en place entre 2001 et 2005, du Programme national Nutrition Santé (PNNS1) et des campagnes de prévention proposant des repères nutritionnels spécifiques pour les enfants ». L’éducation sanitaire est donc « payante »…
Malheureusement, ce recul du surpoids et de l’obésité s’est essentiellement concentré sur les catégories socioéconomiques les plus favorisées. En effet, encore 13,9% des enfants d’ouvriers présentaient un surpoids en 2005-2006, contre seulement 8,6% des enfants de cadres. Les chiffres sont d’ailleurs comparables lorsque l’on considère la proportion des obèses. Il y en a 4,3% parmi les enfants d’ouvriers, et 1,2% parmi ceux des cadres.
Activité physique contre multimédia
Pourquoi ces inégalités persistantes ? Les auteurs insistent sur les différences qui s’observent dans les pratiques quotidiennes. Les enfants dont le père est ouvrier par exemple, passent davantage de temps devant un écran (de télévision ou d’ordinateur) que les autres. Ils sont 47% dans ce cas, contre 24% pour les plus favorisés. Et les petits obèses pratiquent moins d’activités physiques en extérieur. Ce qui favorise encore davantage la prise de poids. Un cercle vicieux difficile à enrayer.
Dernier point : l’alimentation. Plus la catégorie sociale est favorisée, mieux le régime est équilibré. Par exemple, dans les familles de cadres, 94% des enfants prennent un petit-déjeuner, contre 86% chez les ouvriers. Ces résultats « illustrent l’impact précoce des facteurs socioéconomiques et culturels », concluent les auteurs. Pour lutter contre le maintien de ces inégalités, ils plaident pour « des actions de prévention précoces et ciblées, complémentaires des campagnes déjà existantes à destination de la population générale ».