Survivants d’Ebola : des réservoirs viraux persistent 5 ans après ?
06 septembre 2021
Les survivants d’Ebola pourraient-ils être à l’origine de la transmission du virus de nombreuses années après guérison ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une large étude menée durant 5 ans. Laquelle fournit également des informations pour le développement de vaccins contre le virus.
La cohorte PostEbogui a été mise en place au cours de l’épidémie d’Ebola, qui a sévi en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016. Plus de 800 personnes infectées par le virus – et ayant survécu à l’infection- ont ainsi été recrutées dans trois sites en Guinée à partir de mars 2015, constituant ainsi la plus grande étude de suivi des survivants de cette maladie hémorragique. Ces derniers ont bénéficié de consultations régulières jusqu’à 60 mois après leur sortie du centre de traitement Ebola.
Les derniers résultats issus de cette cohorte ont porté sur la durée de l’immunité. Les variations au cours du temps des taux d’anticorps dans les échantillons sanguins prélevés chez 687 patients ont ainsi révélé des informations utiles. « Cinq ans après leur sortie du centre de traitement Ebola, 76% des survivants possédaient des anticorps contre un antigène particulier du virus (la glycoprotéine), 60% contre deux autres antigènes », notent les auteurs. Des données utiles donc à la mise au point de vaccins contre Ebola puisque « les anticorps dirigés contre la glycoprotéine persistent davantage dans le temps (…) et que les anticorps neutralisants, et donc protecteurs, sont également dirigés contre cet antigène », précise Abdoulaye Touré, co-investigateur principal de l’étude.
Un risque de réinfection ?
L’autre information de taille extraite de ce travail concerne de potentiels réservoirs viraux persistant chez les survivants. En effet, si une diminution globale de la concentration en anticorps est observée avec le temps dans la majorité des cas*, « des variations irrégulières des taux d’anticorps au fil des mois, voire des augmentations » ont été observées chez certaines personnes. Peut-être la marque de l’existence de réservoirs viraux dans l’organisme. Or « ces virus internes pourraient être responsables de la re-stimulation immunitaire des patients sans qu’ils n’aient été réinfectés ou ré-exposés au virus dans le milieu extérieur », notent les auteurs. « Le risque est de voir de nouveaux cas d’Ebola provenir de survivants. C’est probablement ce qui s’est passé lors de la résurgence de la maladie en Guinée en janvier dernier, 5 ans après la fin de l’épidémie », souligne Abdoulaye Touré.
« En l’absence de médicaments capables d’éradiquer les réservoirs viraux que l’on suppose, un suivi régulier et approprié et une éventuelle vaccination des survivants doivent être envisagés pour prévenir toute récurrence ou recrudescence de nouvelles épidémies d’Ebola », conclut-il.
A noter : l’épidémie d’Ebola survenue entre 2013 et 2016 a provoqué 11 000 décès. Et plus de 17 000 personnes ont survécu après une infection.
*près d’un quart des sujets n’ont plus d’anticorps détectables après 60 mois