Syndrome de l’intestin irritable : enfin une prise en charge optimale ?

19 juin 2017

Près de 5 millions de Français souffrent du syndrome de l’intestin irritable (SII). Une pathologie qui pèse lourdement sur la qualité de vie. Depuis quelques années, de nombreuses recherches scientifiques mettent en cause les perturbations du microbiote intestinal dans la survenue de cette pathologie. D’ailleurs certaines souches de probiotiques ont montré une réelle efficacité pour combattre les symptômes du SII. Les explications du Pr Jean-Marc Sabaté, gastro-entérologue à l’Université Paris VII et à l’hôpital Avicenne.

« Le syndrome de l’intestin irritable est une maladie fonctionnelle et bénigne du tube digestif. Autrement appelé colopathie fonctionnelle, il se caractérise par l’association de plusieurs symptômes. Et plus particulièrement de douleurs abdominales et de troubles du transit existants depuis au moins 6 mois», indique le Pr Jean-Marc Sabaté. « Ces derniers peuvent être de différentes natures, notamment une diarrhée, une constipation ou une alternance des deux. Si les ballonnements ne font pas partie des critères de définition, ils concernent néanmoins 90% des patients ».

L’ensemble de ces symptômes reste certes bénin mais altère fortement la qualité de vie des patients, avec des retentissements sociaux et professionnels importants. « L’impact sur le quotidien des malades peut être similaire à celui que vivent les patients souffrant d’un diabète ou encore d’une dépression », précise le Pr Sabaté. « Par ailleurs, les traitements médicamenteux disponibles ne sont dans leur majorité pas remboursés. C’est donc une maladie qui coûte cher aux patients ». Sans oublier qu’aucun traitement ne permet de soulager durablement les malades.

Probiotiques : des souches qui ne se valent pas

Dans ce contexte, l’approche d’une prise en charge par des souches bien spécifiques de probiotiques s’avère de plus en plus prisée par les patients. D’ailleurs, la recherche scientifique s’intéresse depuis de nombreuses années au rôle du microbiote dans le déclenchement du SII. Et le Pr Sabaté a travaillé sur ce sujet. « Il existe de nombreux mécanismes connus dans cette maladie dont un certain nombre est lié au microbiote. Des perturbations de ce dernier, qu’on appelle dysbiose, peuvent en effet être à l’origine ou associés au SII ».

Aujourd’hui les probiotiques sont de mieux en mieux évalués et constituent une option thérapeutique sérieuse. Mais comme l’explique notre spécialiste, toutes les souches de probiotiques ne se valent pas. « Certaines ont fait l’objet d’études sérieuses et ont prouvé leur efficacité dans la réduction des symptômes du SII, plus particulièrement au niveau des douleurs abdominales ». C’est le cas de la souche « Bifidobacterium Infantis 35624® – disponible en France depuis mars sous le nom d’Alflorex® – qui a démontré une amélioration des symptômes par rapport au placebo ».

L’efficacité de cette souche a largement été documentée dans de nombreuses études publiées dans des revues scientifiques reconnues. Ces recherches lui confèrent une légitimité forte. A tel point qu’elle figure dans les recommandations de la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) et de la World Gastroenterology Organisation (WGO). Pour conclure, le Pr Sabaté estime plus « logique de prescrire des compléments alimentaires qui ont montré leur efficacité ».

  • Source : Interview du Pr Jean-Marc Sabaté, 1er juin 2017

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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