











Accueil » Santé Publique » Syndrome des ovaires polykystiques : une piste thérapeutique prometteuse
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Le syndrome des ovaires polykystiques ou SOPK, touche environ 6 à 13 % des femmes en âge de procréer, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ils’agit d’un déséquilibre hormonal caractérisé par la présence de nombreux follicules immatures dans les ovaires. Cette anomalie entraîne une surproduction d’hormones mâles, notamment la testostérone, perturbant ainsi le cycle ovulatoire et compromettant la fertilité.
Mais au-delà des problèmes de reproduction, le SOPK expose également les femmes à un risque accru de maladies cardiovasculaires, de surpoids et de diabète. Des traitements existent, mais ils s’attaquent uniquement à certains symptômes de la maladie (hyperpilosité, acné…), et non à ses causes, encore mal connues.
Une équipe de recherche dirigée par Paolo Giacobini, directeur de recherche à l’Inserm au Centre de recherche Lille Neurosciences et cognition, vient de franchir une étape décisive. Les chercheurs ont réussi à prévenir l’apparition des symptômes du syndrome chez des souris en bloquant l’activité de l’hormone anti-Müllérienne (AMH), identifiée comme une actrice clé dans le développement de ce syndrome.
Pour bloquer l’activité de l’hormone AMH, l’équipe a développé un anticorps spécifique nommé Ha13. Ce dernier agit en obstruant les récepteurs de l’hormone dans les ovaires et sur les neurones produisant la GnRH, une hormone essentielle à la régulation des fonctions reproductives.
« Administrés lors de la mini-puberté (période qui survient chez tous les mammifères dans les premiers jours ou mois suivant la naissance, est caractérisée par une activation temporaire du système reproducteur), ces bloqueurs d’hormone AMH ont eu un effet préventif », raconte Paolo Giacobini. En effet, des souris exposées durant cette période à l’AMH puis à qui on a administré l’anticorps n’ont pas développé les principaux symptômes du SOPK plus tard dans leur vie.
Ça, c’est pour le volet préventif. Mais ce n’est pas tout. Leur découverte pourrait aussi présenter un aspect curatif. Lorsque ce traitement a été administré à des souris adultes présentant déjà les symptômes, ceux-ci ont significativement régressé. « Les cycles, l’ovulation et les taux d’androgènes sont revenus à la normale, ce qui suggère très probablement que la fertilité est améliorée », continue Giacobini.
Si ces résultats sont extrêmement prometteurs, le chemin vers un traitement humain nécessitent encore plusieurs étapes. « L’administration du traitement lors de la mini-puberté n’est pas possible dans l’immédiat chez l’humain », précise Paolo Giacobini, notamment parce que le diagnostic du SOPK n’intervient généralement qu’après la puberté.
En revanche, l’utilisation d’anticorps ciblant le récepteur de l’AMH pourrait présenter une piste thérapeutique majeure pour les femmes adultes souffrant de SOPK. Un brevet a d’ailleurs déjà été déposé par les scientifiques.
Source : Inserm
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dorothée Duchemin
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