Syrie : la chimie, une arme invisible et destructrice
28 août 2013
A Alep, la population attend pour acheter du pain. © George Kurian/IRIN
« N’importe quel produit toxique peut être utilisé comme arme chimique ». L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne ainsi combien il est difficile, voire impossible, de déterminer sans l’analyse de prélèvements, quelle substance a été utilisée lors de l’attaque chimique présumée dans la banlieue de Damas (Syrie), le 21 août dernier. Alors que l’enquête se poursuit pour mettre un nom sur ce (ou ces) produit, l’OMS a publié ce mardi un document technique consacré à la prise en charge des patients contaminés… par des substances connues. Lesquelles ? Pour quelles conséquences ? Tour d’horizon.
« La fabrication, le stockage, le transfert et l’utilisation d’armes chimiques sont interdits par la Convention des armes chimiques de 1993. » Quelques jours après une attaque en Syrie, faisant 355 morts et 3 600 blessés (d’après Médecins sans frontières) souffrant de symptômes neurotoxiques, les questions restent très nombreuses. Aussi bien sur l’origine de cette attaque que sur la ou les substances utilisées.
Dans un rapport consacré à la prise en charge des victimes d’armes chimiques, mis en ligne ce mardi, l’OMS dresse un état des lieux des substances utilisées depuis le début du 20e siècle. Ces armes « peuvent être irritantes, étouffantes, asphyxiantes ou encore neurotoxiques ». Elles peuvent également prendre différentes formes : liquide, solide ou gazeuse.
Chacune a bien sûr des effets spécifiques, mais des symptômes communs sont souvent retrouvés. L’Organisation cite notamment « des irritations oculaires, des démangeaisons au niveau du nez ou de la peau, une toux, une difficulté à respirer, des larmoiements, l’émission de bave, de soudaines envies d’uriner, des nausées et des vomissements, une vision trouble, des douleurs musculaires, une désorientation voire une perte de connaissance. » La simple inhalation ou le contact avec la peau peuvent suffire à provoquer ces symptômes. Enfin, une exposition à ces substances peut également entraîner le décès de la victime.
Des exemples répandus
Gaz chlorés, gaz moutarde et agents neurotoxiques : voici trois catégories de substances chimiques largement développées dans le but d’en faire des armes de guerre, notamment depuis la Première guerre mondiale.
Les gaz chlorés sont des gaz vert-jaune présentant une odeur d’eau de javel. Rapidement très irritants pour le système respiratoire, « une exposition peut provoquer un œdème pulmonaire dans un délai de 12 à 24 heures », indique l’OMS. De son côté, le gaz moutarde – autrement appelé Ypérite – est un gaz incolore et inodore qui provoque, quelques minutes à quelques heures après exposition, des cloques sur la peau, et attaque aussi les yeux et les poumons.
Enfin, les agents neurotoxiques réunissent des gaz tels que le sarin et le tabun. L’organisme les absorbe par voie transcutanée, à travers les muqueuses et par inhalation. Ils sont aussi très toxiques en cas d’absorption, dans l’eau ou à travers des aliments contaminés. Une fois exposé, le système nerveux est attaqué. Les conséquences sont nombreuses et sévères: transpiration, vomissements, diarrhées, incontinence, difficultés à respirer, confusion mentale, convulsions et perte de connaissance.
Le document mis en ligne (en anglais) par l’OMS est bien sûr destiné aux professionnels de santé. Si vous êtes intéressé, vous pouvez le télécharger ci-dessous.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : David Picot