Tabac : la course aux prix !
25 novembre 2003
En France, le prix moyen dun paquet de cigarettes a augmenté de… 132% au cours des dix dernières années. L’objectif affiché du gouvernement est de faire chuter la consommation, même si sa reculade devant la grogne des buralistes fait douter de son efficacité.
Le contre-feu des lobbies du tabac est en effet d’une rare violence. C’est le pourquoi de la décision -définitive ?- de faire intervenir un « gel » des hausses de prix pendant les 4 ans à venir. Malgré tout, les mises en garde fusent quant aux effets pervers que des hausses répétées peuvent provoquer. Certains il est vrai, on déjà été observés dans d’autres pays…
Le premier d’entre eux est bien sûr la contrebande. Un fléau qui a touché tous les états qui ont appliqué ou appliquent une stratégie de prix élevés. C’est notamment le cas de la Finlande, de la Suède, de la Norvège et de la Grande-Bretagne. Certes, le combat contre la vente illicite des produits du tabac fait partie intégrante de la Convention cadre pour la lutte anti-tabac adoptée en mai dernier par les 192 Etats-membres de l’OMS. Dont la France… Or d’après la Banque mondiale, près d’une cigarette sur dix vendue aujourd’hui dans le monde est issue d’un marché parallèle.
Dans un pays comme la Grande-Bretagne, cette proportion atteint une sur quatre ! Il y a quelques années, le gouvernement suédois avait même dû faire machine arrière face à l’augmentation vertigineuse de la contrebande qui avait accompagné la hausse des prix.
Il n’en reste pas moins que cette politique de prix élevés est la seule susceptible de faire vraiment diminuer la consommation : toujours selon la Banque mondiale, une augmentation de 10% diminuerait la consommation de 4% à 8%. En Norvège où le prix moyen du paquet est le plus élevé d’Europe, la consommation n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui. Il en va de même en Finlande et Grande Bretagne. Et dans ces pays, les décès par cancer du poumon diminuent bien plus rapidement que n’importe où dans le monde.
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Source : Bulletin de lOMS, Vol.81, N°10, 2003, 698-776 ; Travail et Sécurité n°634