Tabac : la hausse des prix, favorable à la santé ?
16 janvier 2003
L’augmentation du prix des cigarettes permet réellement de faire chuter la consommation ! Certes, elle ne suffit pas à changer profondément les habitude des fumeurs réguliers. Mais chez les 15-29 ans par exemple, un prix plus élevé constitue un véritable frein à la consommation de tabac.
Une augmentation des prix de 10% peut ainsi réduire la demande de 4% dans les pays développés, et de 8% dans les pays en développement. Ce n’est pas rien. Car ces chiffres équivalent à provoquer l’arrêt du tabac chez près de 42 millions de fumeurs dans le monde, soit une économie de… 5 à 16 millions de morts selon les estimations !
Aux Etats-Unis dans les années 50, le prix moyen d’un paquet de cigarettes était de 1,5 dollars. La consommation moyenne par tête était alors de 109,2 paquets par an. Cinquante ans plus tard, le prix de vente moyen du même paquet est de 3,68 dollars et la consommation n’est plus que de 72,7 paquets. L’Etat du Massachusetts, qui a davantage augmenté les taxes que la moyenne des 52 Etats américains obtient des résultats encore plus probants, avec 54,5 paquets par an et par tête. Autant dire que les partisans d’une hausse « radicale » du prix des cigarettes sont motivés.
Au mois d’août dernier, les ventes de cigarettes ont plongé en France de 8,6% par rapport au même mois de l’année dernière. Cette chute atteint même 17,5% pour les brunes, plafonnant à 7% pour les blondes. La raison ? L’augmentation des prix de 7% à 10% au mois de janvier 2002.
Des cigarettes moins chères et donc plus accessibles
D’après l’OMS, ces politiques de hausse de prix provoquent irrémédiablement le développement du commerce illicite, lequel augmente la consommation de tabac dans le monde. Et donc la mortalité… Ce combat contre la vente illicite des produits du tabac fait partie intégrante de la convention cadre pour la lutte anti-tabac dont les négociations sont menées actuellement par les 191 Etats membres de l’OMS. D’après la Banque mondiale, les cigarettes issues de ce commerce parallèle représentent environ 8,5% de la consommation mondiale.
Vendues au détail et non en paquets, dans des points de ventes non réglementés, ces cigarettes sont très accessibles aux jeunes des populations pauvres. Ceux-là même qui peuvent consacrer le moins de moyens à se nourrir et à se soigner…
« La contrebande porte atteinte aux politiques nationales des prix » explique Derek Yach, Directeur exécutif de l’OMS, responsable des Maladies non transmissibles. « Elle prive aussi les gouvernants de revenus pour combattre le tabagisme, permet aux sociétés productrices de corrompre et de fragiliser la coopération internationale en faveur de la lutte antitabac. Et surtout, elle compromet les restrictions juridiques et les réglementations sanitaires, comme celles portant sur les mises en garde ou la vente aux mineurs ».
Si la tendance actuelle n’est pas inversée, le tabagisme devrait faire 10 millions de victimes par an à la fin des années 2020 ! Ce sera donc l’un des tous premiers postes de dépenses de santé sinon le principal. Actif ou passif, le fumeur est exposé à un risque de cancers mais aussi de maladies cardio-vasculaires et pulmonaires. Les dépenses de santé provoquées par le tabac sont évalués à 200 milliards d’euros dans le monde. Soit quasiment le PNB d’un pays aussi prospère que l’Allemagne.
COMPRENDRE
Sevrage tabagique : mode d’emploi
La nicotine est responsable de la dépendance. Elle stimule les centres du plaisir. Voilà pourquoi l’un des meilleurs moyens de cesser de fumer est encore… de consommer de la nicotine sous des formes moins nocives et moins coûteuses que le tabac. Les traitements de substitution existent essentiellement sous forme de gommes à mâcher et de timbres transdermiques :
- Les gommes : environ 22 euros les 100. Leur consommation varie selon le degré de manque ;
- Les timbres transdermiques (ou patches), coûtent en moyenne 22 euros la boîte de sept. La consommation moyenne est d’un par jour, de sorte que le sevrage revient au prix d’un paquet de cigarettes quotidien…
Tous ces produits atténuent le manque et constituent des aides efficaces au sevrage. Les taux de réussite sont de l’ordre de 50% à 3 mois.
Autre produit largement médiatisé, le Zyban. L’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé reste plus que vigilante. Elle attire l’attention des médecins prescripteurs sur les risques éventuels liés à la prise de cet antitabagique, qui est en fait un antidépresseur. L’Agence a rapporté des réactions cutanées ou allergiques, des troubles neuropsychiatriques (insomnie, angoisse, dépression), neurologiques (vertiges, céphalées) et quelques cas de convulsions.
En dehors de ces moyens reconnus, le candidat au sevrage peut se reposer sur l’acupuncture et l’homéopathie, seules ou en association. L’hypnose a également ses adeptes et dans certains cas, les thérapies cognitives et comportementales donnent de bons résultats !