Tabac : les taxes partent en fumée

02 septembre 2013

Le tabac est à l’origine de 5 millions de décès chaque année dans le monde ©Phovoir

Suite à l’annonce du ministère du Budget de ne pas augmenter les taxes liées aux produits du tabac, au mois d’octobre, le Pr Bertrand Dautzenberg voit rouge. Pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), il estime une fois de plus, se retrouver face à « une victoire pour l’industrie du tabac et un coup de semonce pour la santé publique ».

Cette décision politique intervient alors que la consommation de tabac a chuté de 8% au premier semestre 2013. Pour le Dr Dautzenberg, « cette baisse pourrait, en partie, être liée à l’effet des cigarettes électroniques. Mais nous n’en avons pas la preuve formelle ».

Par ailleurs, alors que se prépare le troisième plan cancer, l’annonce gouvernementale porte un coup d’arrêt à la lutte contre le tabagisme. « Le premier plan cancer s’était donné les moyens de combattre le fléau du tabagisme », souligne Bertrand Dautzenberg. En effet, les augmentations de prix du tabac entre 2002 et 2004, ont provoqué une baisse de 31% de la consommation. « Le deuxième plan s’est avéré extrêmement décevant en la matière et le prochain, malgré les différentes annonces, risque d’être extrêmement mou. » Voilà qui est dit !

Taxer, c’est sauver des vies

Connu pour son combat inlassable contre les produits du tabac, Bertrand Dautzenberg rappelle des chiffres pour le moins éloquents. « Les cigarettes enrichissent l’industrie du tabac, les buralistes et appauvrissent la France. Si les taxes rapportent en effet 15 milliards d’euros chaque année, les conséquences liées au tabagisme coûtent dans le même temps 45 milliards à l’Etat ». Au total, les cigarettes, cigares et autres tabacs à rouler sont responsables de 12,5% des décès dans l’Hexagone. « C’est un gâchis épouvantable »…

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que « les taxes sur le tabac sont le moyen le plus efficace de réduire la consommation, notamment chez les jeunes et les pauvres. Une augmentation des taxes qui accroît le prix du tabac de 10% fait reculer la consommation d’environ 4% dans les pays à revenu élevé. Cette baisse pouvant atteindre 8% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. »

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

  • Source : Interview du Pr Bertrand Dautzenberg, 2 septembre 2013

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