Tabac : succès et déconvenues de la Convention-Cadre de l’OMS
31 mai 2011
Le dernier pays à avoir signé la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac est le Turkménistan ! C’était le 13 mai dernier. Au total, 173 pays sur les 193 Etats-membres de l’Organisation, ont ratifié ce traité depuis sa promulgation en juin 2004. A l’occasion de la Journée mondiale sans Tabac, ce 31 mai, l’Organisation mondiale de la Santé « se félicite » des succès rencontrés par ce texte. Pourtant, tout n’est pas rose…
L’objectif de cette Convention est bien sûr de faire reculer la consommation de tabac dans le monde. Au-delà, elle prévoit également des actions ciblées sur les prix, la publicité et les activités de parrainage. La répression du commerce illicite et la protection des non-fumeurs figurent également parmi ses points forts.
Sept ans après son entrée en vigueur, « il reste encore des défis à relever avant que ce traité ait porté tous ses fruits (et devienne) l’outil antitabac le plus puissant au monde », admet l’OMS. Les chiffres sont évocateurs : « cette année, l’épidémie de tabagisme tuera près de 6 millions de personnes dans le monde, dont 600 000 non-fumeurs. D’ici 2030, on pourrait atteindre les 8 millions de morts »…
Le retard de la France
A l’occasion de cette journée sans tabac, le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS rappelle que « le succès ultime du traité contre l’industrie du tabac dépend de la volonté des Parties (c’est-à-dire les pays signataire, n.d.l.r.) à remplir toutes leurs obligations. Il faut en faire davantage pour réaliser tout le potentiel du traité. Il ne suffit pas de devenir Partie à la Convention. Les pays doivent adopter ou renforcer la législation nécessaire pour l’appliquer et, ensuite, la faire respecter rigoureusement. »
La France a cet égard fait figure de traînard, alors qu’elle a figuré parmi les premiers signataires de la Convention-cadre. L’Alliance contre le Tabac fait ainsi valoir que “les décisions prises (en France) depuis 2004 (moratoire fiscal) l’ont été dans l’intérêt de l’industrie du tabac et de ses relais, contre celui de la santé de tous les français. En conséquence, le nombre de fumeurs est à la hausse depuis 2005 (…) et les inégalités sociales se creusent…”
Or souligne l’Alliance, “la consommation de tabac dans un pays n’est pas une fatalité ; pour la réduire, il faut appliquer la CCLAT, comme le font les pays d’Europe qui ont le pourcentage le plus faible d’adultes fumeurs : 21% pour le Royaume Uni, la Norvège et la Finlande ; alors qu’en France ce pourcentage est scandaleusement élevé : 31%.”
De son côté le Dr Douglas Bettcher, Directeur de l’Initiative Pour un monde sans tabac, veut intensifier la lutte contre l’industrie. « Toujours à la recherche de profits, celle-ci essaie systématiquement de saper les tentatives des gouvernements pour enrayer la lutte contre l’épidémie. Bien que certains pays aient commencé d’appliquer des politiques rejetant les partenariats avec l’industrie du tabac, nous voudrions voir plus de progrès dans ce domaine ». L’appel sera-t-il entendu ?
Pour aller plus loin, prenez connaissance du texte de la Convention-cadre de l’OMS.