Tabagisme passif : une étude seule contre toutes…

06 juin 2003

D’après une étude américaine publiée récemment dans le British Medical Journal (BMJ), le tabagisme passif aurait une influence négligeable sur la santé ! Un travail qui a entraîné une véritable levée de bouclier au sein de la communauté scientifique.

Plus de 35 000 fumeurs dont le conjoint ne fumait pas ont participé à cette étude, réalisée aux Etats-Unis entre 1959 et 1998 dans le cadre d’un programme de prévention des cancers. La conclusion des auteurs semble saisissante : pour eux, ce travail « ne permet pas d’établir une relation de cause à effet entre la fumée du tabac dans l’environnement et la mortalité liée au tabagisme, bien qu’on ne puisse pas écarter un léger lien ».

La British Medical Association, qui publie le BMJ, s’est immédiatement insurgée contre les résultats de ce travail. Elle dénonce certaines failles méthodologiques et notamment le fait que le tabagisme passif ait été apprécié par le seul statut de fumeur du conjoint. Un choix d’autant plus discutable qu’aucun élément permettant de savoir si le conjoint fumait ou non en présence du non-fumeur n’est pris en compte.

Le Dr Paolo Boffetta, du Centre international de Recherche sur le Cancer de l’OMS à Lyon, (CIRC) travaille sur le tabagisme passif depuis des années. S’il évoque des variabilités statistiques pour expliquer ces résultats, il nous confirme également « que l’exposition à long terme – 25, 30 ans – au tabagisme passif augmente les risques de cancer pulmonaire de 20% à 50%. Le tabagisme est donc bel et bien dangereux. Et dans tous les cas, il ne faut jamais se baser sur une seule étude pour tirer des conclusions ».

Surtout si celle-ci contredit une soixantaine de travaux similaires. Et surtout si l’auteur principal de l’étude déclare au titre de ses conflits d’intérêt, « avoir reçu des fonds de l’industrie du tabac au cours des années récentes »…

  • Source : British Medical Journal, 2003;326:1057

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