Tatouages : quelle est la réalité du risque allergique ?

18 janvier 2024

Les allergies constituent le motif le plus fréquent de consultation en dermatologie pour les tatouages. Faut-il pour autant s’en inquiéter ?

18 % des Français déclarent être tatoués ou avoir déjà porté un tatouage, une proportion légèrement moins élevée que les 21 % des Britanniques et surtout que les 31 % des Américains. Cependant, c’est près de 10 points de plus par rapport à 2010, soit un total d’environ 13 millions de personnes tatouées. Les moins de 35 ans sont les plus nombreux, 29 % d’entre eux, à arborer un tatouage. Malgré cet enthousiasme, le risque de développer une allergie à la suite d’une séance de tatouage n’est pas nul.

« Les allergies constituent la raison la plus fréquente de consultation en dermatologie suite à des tatouages », estime le Dr Nicolas Kluger, dermatologue à l’hôpital Bichat (Paris) et au Helsinki University Hospital (Finlande), spécialiste des tatouages au sein de la Société française de dermatologie. Le spécialiste a ouvert la première consultation « tatouage » à l’hôpital Bichat. « Le motif allergique concerne environ un tiers des consultations ‘tatouage’ de l’Hôpital Bichat », estime-t-il.

Les tatouages, autorisés chez les allergiques au nickelLes allergies surviennent principalement avec des encres rouges et des teintes dérivées telles que le rose ou l’orange, et pouvant survenir parfois même plusieurs années après le tatouage. « Il est probable qu’il s’agisse d’une réaction allergique à un produit de dégradation de l’encre de tatouage, qui apparaît alors progressivement », explique le dermatologue. Bien que le nickel, présent sous forme de traces dans toutes les encres, puisse être la cause de certaines allergies, rien n’est encore clairement démontré. Et à ce stade, le tatouage n’est pas contre-indiqué chez les personnes allergiques au nickel.

Impureté inévitable dans les encres de couleur, le nickel est donc retrouvé dans toutes les encres, mais de manière conforme à la réglementation. La législation européenne régule en effet la composition des encres de manière assez sévère. Celles-ci proviennent très souvent des États-Unis qui respectent le cahier des charges défini en Europe. Des modifications de ces règles pour les rendre encore plus strictes sont d’ailleurs en cours.

Les aiguilles pointées du doigt

Si la contamination par le nickel des pigments de fer est soupçonnée d’être responsable des allergies aux tatouages, une étude parue en 2019 a identifié une autre source d’entrée de ce métal dans la peau et les ganglions lymphatiques. Celui-ci pourrait provenir de l’usure des aiguilles de tatouage. L’impact reste encore à évaluer sur les allergies aux tatouages.

La chirurgie parfois nécessaire en cas d’allergie

En cas d’allergie après la réalisation d’un tatouage, la peau réagit par un gonflement, des démangeaisons et une inflammation. Les crèmes aux corticoïdes sont généralement efficaces. Si cela n’est pas suffisant, il est possible de faire des infiltrations de corticoïdes. Si, malgré ces stratégies, l’allergie ne disparaît pas, un détatouage au laser est possible. Et, dans le pire des cas, une exérèse chirurgicale de la peau tatouée peut être réalisée. Mais elle laissera forcément une cicatrice.

Attention, lorsqu’une réaction allergique à une couleur se manifeste, cela constitue une contre-indication permanente à l’utilisation de cette couleur, y compris d’une autre marque d’encre.

Déclarer tout effet indésirable

Les personnes tatouées sont incitées à notifier tout effet indésirable qu’elles soupçonnent être lié à leur tatouage, à un professionnel de santé ou via le portail officiel www.signalement-sante.gouv.fr. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) prend en charge la réception et l’enregistrement de ces signalements.

Pour en savoir plus : Tatouage : quelles sont les règles ? Cette pratique est réglementée pour éviter les risques sur la santé.

Chrome, manganèse ou dioxyde de titane… des nanoparticules dans le corps

  • Source : D’après une interview du Dr Nicolas Kluger, dermatologue à l'hôpital Bichat (Paris) et au Helsinki University Hospital (Finlande) ; Sondage Ifop pour La Croix « La pratique du tatouage en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis » (2018) ; Schreiver, I., Hesse, B., Seim, C. et al. Distribution of nickel and chromium containing particles from tattoo needle wear in humans and its possible impact on allergic reactions. Part Fibre Toxicol 16, 33 (2019). https://doi.org/10.1186/s12989-019-0317-1

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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