TDAH et comorbidités : un lien existe-t-il ?

14 décembre 2023

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans trouble hyperactivité (TDAH) s’accompagne souvent de comorbidités, comme l’asthme ou encore des caries dentaires. Mais lequel des deux favorise l’autre ? Une analyse de scientifiques de l’Inserm et de l’université de Bordeaux, en collaboration avec des équipes anglaises, suédoises et canadiennes livre les premiers éléments de réponse.

Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement qui débute dans l’enfance. Il se caractérise par des niveaux élevés d’inattention, d’agitation et d’impulsivité. Au-delà des difficultés qu’il engendre à l’école ainsi que dans la vie professionnelle et sociale, il est associé à plusieurs comorbidités médicales (troubles métaboliques, asthme, obésité, addictions…) et à un risque accru de blessures accidentelles.

Pour comprendre les séquences temporelles de ces différentes associations afin d’élaborer des stratégies de prise en charge et de prévention appropriées, l’équipe de Cédric Galera, chercheur au Centre de recherche sur la santé des populations de Bordeaux (Inserm/Université de Bordeaux) et pédopsychiatre, en collaboration avec des équipes britanniques, suédoises et canadiennes, a donc analysé les données de plus de 2 000 enfants participant à une grande cohorte canadienne, l’Étude longitudinale du développement de l’enfant du Québec. Les enfants ont été suivis de l’âge de 5 mois à 17 ans.

Les comorbidités apparaissent-elles avant ou après le développement du TDAH ?

Il s’agit de l’analyse la plus complète réalisée jusqu’à présent évaluant les liens temporels entre les symptômes du TDAH et un large éventail d’affections médicales, y compris les problèmes dermatologiques, les infections, les traumatismes, les conditions de sommeil et d’autres maladies chroniques. « Nous avons cherché à évaluer les associations longitudinales possibles entre les symptômes du TDAH et un large éventail de maladies ou troubles physiques, en tenant compte de plusieurs facteurs de confusion », explique Cédric Galera, coordinateur de l’étude.

À ce stade, les scientifiques ont déjà obtenu quelques données : ils ont ainsi montré que le fait de présenter des symptômes de TDAH pendant la petite enfance était associé à un indice de masse corporelle (IMC) élevé au milieu de l’enfance et à l’adolescence, mais aussi à des blessures non intentionnelles pendant l’adolescence.

Des blessures involontaires dans la petite enfance

À l’inverse, le fait d’avoir présenté des blessures involontaires pendant la petite enfance était associé à l’apparition ultérieure de symptômes de TDAH au milieu de l’enfance et à l’adolescence. Enfin, le syndrome des jambes sans repos pendant la petite enfance augmentait aussi le risque de TDAH au milieu de l’enfance.

« Nos résultats soulignent la nécessité de surveiller attentivement les enfants atteints de TDAH au début ou au milieu de l’enfance pour plusieurs affections physiques, et de surveiller les enfants présentant des affections physiques particulières pour les symptômes du TDAH, en déduit le Pr Cédric Galera. Ces données renforcent l’idée que les problèmes de santé physique et mentale sont imbriqués, et souligne la nécessité pour les professionnels de santé de toutes les disciplines de mieux travailler ensemble ». Ainsi plus on intervient tôt, plus on prévient les risques évolutifs associés au TDAH.

Pour en savoir plus : C’est quoi le TDAH ?

  • Source : Prospective associations between ADHD symptoms and physical conditions from early childhood to adolescence: a population-based longitudinal study. The Lancet Child & Adolescent Health Volume 7, Issue 12, December 2023, Pages 863-874

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet

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