Témoignage : « J’ai donné mes ovocytes »
05 janvier 2021
Plus prenant que le don de spermatozoïdes, le don d’ovocytes comprend plusieurs phases distinctes. Vous souhaitez en savoir plus sur ce geste altruiste ? Voici le témoignage de B. qui a donné ses ovocytes « pour donner des chances aux couples infertiles d’avoir un enfant ».
« J’ai donné mes ovocytes cette année par envie d’aider les couples infertiles qui ne peuvent pas aller seuls au bout de leur projet d’enfant », confie B, jeune femme de 28 ans. « J’avais l’idée en tête depuis longtemps, mais avant 2015, les personnes qui n’avaient pas eu d’enfants ne pouvaient pas donner leurs gamètes. Comme c’était mon cas, j’étais bloquée. Aujourd’hui la loi me le permet. J’ai cheminé progressivement et aujourd’hui je ne regrette rien. »
Le protocole du don d’ovocytes est connu pour être long et prenant, en tous les cas bien plus qu’un « simple » recueil du sperme. Mais B. semble avoir très bien vécu les choses. « C’est vrai que tout le protocole prend du temps. Il faut avoir la possibilité d’aménager son temps de travail car on est très souvent à la clinique ou au laboratoire ! Mais à part cela, tout mon suivi s’est très bien déroulé, je n’ai éprouvé aucune douleur, aucun doute ».
La démarche est si particulière qu’il existe sûrement autant de donneuses que de façon de vivre son don. « Je comprends les femmes qui appréhendent le fait de donner leurs ovocytes. Pour ma part, j’étais très au courant du protocole car je travaille dans un laboratoire. Des femmes et couples faisant des prises de sang pour un parcours de FIV, j’en ai vu énormément. » Pour B., « ce qui fait peur c’est l’inconnu. C’est pour cela que je pense qu’il faut expliquer clairement ce qui attend les donneuses. ».
Stimulation ovarienne, échographie et bienveillance
Plongeons donc au cœur de ces différentes étapes. Tout d’abord, le consentement. « Je suis allée en consultation avec l’équipe de la PMA qui m’a informée de l’ensemble du protocole. Mon conjoint a aussi donné son consentement comme le prévoit la loi ». Ensuite, « j’ai passé un bilan médical complet pour passer en revue tous mes antécédents familiaux, et une consultation génétique. Un autre examen par prise de sang et échographie a permis aux soignants d’évaluer ma réserve ovarienne ». A ce stade, le bilan sanguin permet aussi d’éliminer la présence de virus (hépatites, VIH/SIDA). Et de réaliser un caryotype, « l’examen des chromosomes qui permet de voir si je risque de transmettre des anomalies génétiques ».
Quand tous ces résultats sont rassurants, une consultation est prévue avec un psychologue. « J’étais très décidée mais ce geste n’a rien d’anodin. On doit parler à un psychologue qui s’assure de notre équilibre psychique. J’imagine que ce serait malvenu de faire ça tout en ayant des soucis avec la maternité par exemple. » Dans la foulée, B. a aussi vu un anesthésiste en prévision de la ponction des ovocytes, qui se pratique sous anesthésie locale ou générale selon les cas.
Ensuite, la phase d’injections hormonales a débuté. Le but est de stimuler pendant 10 jours les ovaires pour favoriser la production et la croissance des ovocytes, et en prélever un maximum de bonne qualité. « Pour cela, on doit s’injecter des hormones en sous-cutanée tous les jours. Ce n’est pas douloureux. Et à part le bas du ventre qui gonfle un peu à la fin des 10 jours, je n’ai eu aucune gêne ni effet indésirable. » Pendant cette période, la surveillance est accrue. « J’ai dû faire des prises de sang et des échographies pour voir comment réagissaient les ovocytes. C’est beaucoup, mais avec une équipe bienveillante, j’ai très bien vécu ces moments. »
Dernière étape, le prélèvement des ovocytes, prévu environ 35 heures après la dernière injection. « Le geste en lui-même est pratiqué au bloc opératoire, il dure 15 minutes et on reste à peine une matinée à l’hôpital. Ensuite on repart chez soi en sachant que nos ovocytes vont être congelés, distribués à plusieurs couples et donc potentiellement en mesure de donner plusieurs vies ! ».
A noter : En France, le don d’ovocytes reste aujourd’hui basé sur la gratuité, l’anonymat et le volontariat.
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Source : Interview de B. donneuse d’ovocytes - Agence de la biomédecine, communiqué de presse Campagne d’information sur le don de gamètes 2020 – Interview du Dr Claire de Vienne, responsable de l’Assistance Médicale à la Procréation à la direction de la Procréation, de l’Embryologie et de la Génétique humaine de l’Agence de la biomédecine
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche