











Accueil » Médecine » Addictions » Témoignage : quand l’alcool prend le dessus…
Comme pour beaucoup de dépendants à l’alcool, au départ la consommation de Patricia était « festive ». « Je buvais à l’apéritif, aux anniversaires… ». Employée dans un libre-service à cette époque, Patricia vit une surcharge de travail, « avec en plus un responsable déplaisant, des remarques désobligeantes et surtout le sentiment de ne pas être soutenue… Je buvais un peu plus chaque soir, en me disant que cela irait mieux ». Environ six mois plus tard elle découvre qu’elle est enceinte. Elle arrête alors de boire jusqu’à la naissance de sa seconde fille. Mais elle sait qu’à ce moment-là, elle « n’a pas encore dépassé la ligne ».
Ce n’est qu’après la naissance qu’elle la franchira. Son conjoint,semble-t-il, ne remarque rien. Pourtant « je me cognais régulièrement, je titubais parfois … C’était évident malgré mes mensonges », avoue-t-elle. Pour Patricia, il se voile la face, craignant de mettre des mots sur les maux. C’est la sœur de Patricia en fait, qui brisera la glace pour la première fois : lors d’un déménagement elle découvre une bouteille d’alcool cachée dans un panier à linge. Patricia reconnaît « avoir un problème », et se sent prête à recevoir de l’aide.
« Du temps pour réfléchir et reprendre confiance en soi »
Elle entre en cure au Centre hospitalier spécialisé de Blain, en Loire-Atlantique (44). Pendant quatre semaines, elle participe à des entretiens menés par des psychologues. « On nous laisse beaucoup de temps pour réfléchir, pour comprendre comment on en est arrivé là ». Pourtant, cette première cure ne sera pas salvatrice. Ni les deux suivantes, d’ailleurs. Patricia même, avoue avoir apporté des bouteilles dans sa chambre de convalescente. « La bouteille était ma seule copine, l’alcool était plus fort que tout ».
Le déclic
C’est arrivé le 16 février 2007. Une date gravée dans sa mémoire, car elle correspond au jour anniversaire de son frère. « Ce matin-là, j’ai su que je ne boirai plus ». Malgré des douleurs au ventre, en dépit des tremblements, dus au syndrome de sevrage, Patricia n’a plus « envie » de boire. Elle ne s’explique toujours pas ce « déclic ». Peut-être l’équithérapie – une prise en charge thérapeutique par l’équitation – l’a-t-elle aidée. « Cela vous impose de prendre le contrôle, d’être maître du cheval » explique Patricia. Aujourd’hui, être en présence de personnes qui boivent ne la dérange plus. Son conjoint consomme toujours de l’alcool, mais Patricia n’éprouve plus aucune sensation de manque. « Au contraire l’odeur de l’alcool, les haleines alcoolisées me rebutent désormais ! » glisse-t-elle en souriant.
Et l’avenir ?
Avec le soutien de ses proches, Patricia est sortie de sa dépendance depuis maintenant quatre ans. Cependant, elle n’oublie rien. « <emJe me définis comme une malade de l’alcool abstinente. Aujourd’hui, chaque jour qui passe est un jour de pris. Je reste encore vulnérable… Qui sait comment je réagirais à la perte d’un proche, par exemple ? » Si rien n’est gagné pour elle, Patricia souhaite en revanche en parler à ses filles. « Pour ne pas en faire un tabou » explique-t-elle, « et surtout pour leur éviter cela… »
Source : Interview de Patricia, décembre 2011 (Le prénom de « Patricia » bien entendu, a été changé).
Recevez chaque jour par e-mail les dernières actualités santé.