Tentative de suicide et automutilation : de plus en plus de jeunes filles hospitalisées

08 février 2024

Une étude de l’Observatoire national du suicide (ONS) pointe une hausse de 63 % du nombre d’hospitalisations chez les filles de 10 à 14 ans pour geste auto-infligé - tentative de suicide et automutilation -, en 2022. 

De plus en plus de jeunes filles sont hospitalisées pour geste auto-infligé. Ces gestes concernent les tentatives de suicide ou les automutilations (des blessures physiques directes comme les scarifications ou les brûlures). Selon une étude de l’Observatoire national du suicide (ONS), pilotée par la DREES, en 2022, 75 803 personnes de 10 ans ou plus ont été hospitalisées pour geste auto-infligé. 64 % d’entre elles sont des femmes selon ce travail publié le 5 février.

Hausse brutale chez les jeunes filles

Et si ce chiffre est équivalent à celui d’avant la crise sanitaire, il marque pourtant une rupture. De brutales augmentations ont ainsi été observées chez les filles et les jeunes femmes entre les périodes 2015-2019 et 2021-2022. Les filles de 10 à 14 sont 63 % de plus à avoir été hospitalisées pour tentative de suicide ou automutilation entre 2021 et 2022. Chez les adolescentes de 15 à 19 ans, elles sont 42 % de plus. 24 % de plus pour la tranche d’âge 20-24 ans. Le niveau reste stable ou décroît dans les autres catégories de population.

Cette étude corrobore celle de Santé publique France publiée ce lundi, qui montre une hausse importante des pensées suicidaires et tentatives de suicides chez les 18-24 ans en 2021, en particulier chez les jeunes femmes. 9,4 % d’entre elles ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires dans l’année, contre 5 % chez les hommes du même âge. Selon l’ONS, ces tendances à la hausse « préexistaient à la crise sanitaire et paraissent avoir été accélérées par celle-ci ». 

Des fractures sociales

L’étude met aussi en avant « un gradient social très marqué ». Les tentatives de suicide et automutilation sont en effet plus élevées chez les personnes les plus modestes. « Entre 15 et 19 ans, où un premier pic d’hospitalisations pour ces gestes est identifié chez les adolescentes, le taux de patientes hospitalisées est près de deux fois supérieur parmi le quart inférieur des niveaux de vie que dans le quart supérieur », illustre l’étude. Et 3,5 fois plus de femmes de 40 à 45 ans, second pic d’hospitalisation pour geste auto-infligé, sont issues du quart de la population le moins aisé (par rapport au quart le plus aisé).

Concernant les hommes, pour qui le pic d’hospitalisation pour geste auto-infligé est atteint entre 45 et 49 ans, on retrouve ce même schéma social. « Les hommes appartenant au quart inférieur des niveaux de vie, (qui) présentent des taux d’hospitalisations pour gestes auto-infligés cinq fois supérieurs à ceux du quart le plus aisé. »

A noter : plusieurs lignes d’écoute sont dédiées à la prévention du suicide. Le 31 14 est le numéro national souffrance et prévention du suicide. Nightline, qui a ouvert en décembre 2023, s’adresse tout particulièrement aux étudiants en détresse. La ligne est disponible sur Internet ou par téléphone : https://www.nightline.fr/

  • Source : BEH de Santé publique France du 5 février 2024 – Drees, 5 février 2024

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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