THS et contraceptifs sont-ils cancérogènes ?

01 août 2005

Le programme des monographies du CIRC classe les contraceptifs oestroprogestatifs et l’hormonothérapie ménopausique comme cancérogènes.” Ce communiqué “tombé” ce vendredi en fin d’après-midi dans les rédactions doit-il inquiéter ?

Ce n’est évidemment pas le but poursuivi par les responsables du Centre international de Recherches sur le Cancer (CIRC) de l’OMS, à Lyon, Une autorité en la matière, qui rend ainsi publiques les conclusions d’un groupe de 21 experts, originaires de 8 pays et qui ont rassemblé toutes les données scientifiques disponibles sur ces deux sujets. En dépit d’un titre disons… “bruyant”, le communiqué du CIRC -que nous reproduisons ici intégralement – porte en fait des nouvelles qui peuvent alarmer, et d’autres qui doivent rassurer.

Destination Santé a pu s’entretenir avec deux responsables du Centre et notamment avec M. Yann Grosse, du Service des Monographies. Comme nous l’a expliqué ce dernier, les experts qui ont rédigé ce document ” ne sont pas des membres du CIRC. Ils ont été réunis par ce dernier pour réévaluer les contraceptifs oraux combinés ainsi que l’hormonothérapie ménopausique -les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ou THS, n.d.l.r. – et ils font autorité dans ce domaine. ” Quant aux conclusions rassemblées dans ce rapport, elles ne sont pas toutes novatrices. Bien au contraire. Mais elles sont mises à jour en fonction de l’état le plus récent de la littérature internationale.

Les contraceptifs oraux combinés par exemple, étaient classés comme cancérogènes ” depuis 6 ou 7 ans du fait d’une augmentation du risque de cancer du foie. Depuis, le groupe de travail a montré qu’il y a aussi augmentation du risque de cancers du sein et du col de l’utérus mais diminution de celui de voir apparaître un cancer de l’endomètre – l’utérus, n.d.l.r.- ou de l’ovaire “. La situation est différente en ce qui concerne l’évaluation des THS. ” Sur ce point nous n’avions rien de précis mais depuis, il a été démontré une augmentation des risques de cancers du sein et de l’endomètre dans certaines conditions. Mais aussi l’existence de bénéfices sur les effets secondaires de la ménopause et du vieillissement en général

Les femmes doivent parler avec leur médecin

Pratiquement tous ces éléments sont connus de la communauté médicale depuis longtemps. Ils participent de l’évaluation du rapport bénéfice-risque nécessaire à la mise en oeuvre de tout traitement. Il n’y a donc là aucune ” découverte “, en dépit du caractère inévitablement réducteur de tel ou tel gros titre…

Les femmes sous contraceptifs oraux ou THS doivent – comme espérons-le elles l’ont toujours fait ! – agir en fonction des recommandations de leur médecin. Ces données étant connues, il est extrêmement probable qu’elles ont déjà eu l’occasion d’évoquer les avantages et inconvénients potentiels du traitement qui leur a été proposé. Si c’est le cas, il n’y a aucune raison de changer le cours des choses. Sinon et seulement dans ce cas, il peut leur être recommandé de se rapprocher de leur prescripteur. Il saura leur expliquer les critères d’appréciation qui doivent gouverner leurs choix, actuels et à venir.

  • Source : CIRC, 29 juillet 2005

Aller à la barre d’outils