THS : le sein au sein d’un sain débat

01 juin 2004

Phénomène naturel, la ménopause peut être traitée par un traitement hormonal substitutif (THS). Celui-ci apporte les hormones – estrogène et progestérone – que les ovaires ne fabriquent plus. Mais les bénéfices l’emportent-ils sur les risques ? Le débat fait rage…

Plusieurs études, américaines et britanniques, montrent que les femmes prenant un THS risquent un peu plus d’avoir un cancer du sein que celles qui n’en prennent pas. Les médecins évoquent un ” sur risque ” car les femmes ménopausées sont dans une tranche d’âge où le cancer du sein est fréquent. Y a-t-il danger ? Pour mieux comprendre, parlons chiffres…

Selon ces travaux, si 10 000 femmes suivent un THS pendant un an, elles seront 8 de plus à faire un cancer du sein en comparaison d’un autre groupe de 10 000 femmes, non traitées. Mais d’un autre côté grâce au THS, 6 femmes éviteront un cancer du colon et 5 échapperont à une fracture de hanche liée à l’ostéoporose. Pourtant, il ne vient à l’idée de personne de prétendre que le THS évite le cancer du colon !

Alors affirmer que le THS provoque le cancer du sein, n’est-ce pas aller un peu vite en besogne ? D’autant que la prise d’un THS ne comporte pas plus de risques qu’une ménopause tardive et que la dernière étude américaine montre que les estrogènes seuls diminueraient même le risque de cancer du sein. Mais le cancer du sein est très médiatisé… parce que très fréquent. Il touche chaque année en France 40 000 femmes et provoque 12 000 décès. L’inquiétude des femmes est donc compréhensible, même si ce cancer fauche bien moins de vies que les maladies cardiovasculaires. Et même si l’ostéoporose par les fractures de hanche qu’elle entraîne, provoque plus de morts que les cancers su sein, du col et des ovaires réunis.

Sans oublier que les autres facteurs de risque de cancer du sein comme la consommation d’alcool – même modérée – l’obésité ou le tabagisme dès la puberté font nettement moins la Une des gazettes. Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Oui et non. Comme tout médicament, le THS comporte des avantages et des risques qu’il convient d’apprécier attentivement.

Du côté des bénéfices, la suppression de ce que les médecins appellent les troubles ” climatériques “. Il s’agit essentiellement des bouffées de chaleur, de la sécheresse vaginale, des troubles urinaires, de l’humeur ou du sommeil qui suivent – parfois pendant plusieurs années… – la ménopause. Sans oublier que les hormones freinent considérablement la perte osseuse responsable de l’ostéoporose.

C’est pourquoi les autorités de santé recommandent aux médecins de décider au cas par cas. Une femme qui n’a pas de troubles liés à la ménopause, qui n’a pas de risques d’ostéoporose, cette femme-là n’a aucune raison en apparence, de suivre un THS. Pour les autres, elles doivent prendre leur décision avec leur médecin, en fonction de leurs attentes et de leur état de santé. Mais dans tous les cas, il importe de prendre la dose minimum, de réévaluer périodiquement l’intérêt d’un traitement qui ne doit pas se prendre ad vitam aeternam. Une réévaluation qui doit se faire loin de tout tapage médiatique.

  • Source : Mise au point actualisée sur le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) - Afssaps, Déc 2003

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