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Pour certains hommes en manque de confiance, ou très exposés au stress de performance, le viagra peut débloquer des situations. « Il ne faut pas oublier que cette molécule (le citrate de sildénafil, ndlr) ne va pas créer directement des érections. Elle va simplement la faciliter et contribuer à son maintien », explique Sébastien Landry, psychosexologue spécialisé en cancérologie. Mais s’il existe un stress trop important, le viagra ne pourra rien. Et « la stimulation du partenaire (tendresse, caresses, préliminaires…) ou liée à l’imaginaire s’avère indispensable pour ressentir l’excitation et que l’érection se déclenche. »
A ce sujet, l’âge n’entre pas forcément en ligne de compte. « J’ai récemment suivi un patient de 24 ans sous pression totale et rapportant de nombreuses conquêtes sexuelles sans trouble de l’érection. » Ce dernier s’est trouvé désemparé sous la couette lorsqu’il est tombé amoureux pour la première fois. En parallèle d’un suivi psychologique, le jeune homme a pris du viagra comme booster pour leur premier week-end en amoureux. « La dose était très faible, l’efficacité durait 4 heures maximum après la prise. Sachant qu’il avait pris son comprimé le matin pour le soir. » A son retour, le patient décrit un week-end de folie, « alors que la molécule ne faisait clairement plus effet. » Un effet quasi placebo !
Le viagra peut aussi être prescrit en cas « de fuites vasculaires », décrit Sébastien Landry. « Cela se traduit par une diminution de l’érection en cas de mouvement de l’homme, à la masturbation ou pendant les rapports sexuels. A cause d’une faible musculature globale et pelvienne, chaque changement de position va provoquer une évacuation du sang accumulé dans la verge. » Ces pertes d’érection arrivent « avec l’âge, mais aussi chez des hommes déconditionnés, sédentaires, qui ne pratiquent pas assez d’activité physique ». Une rééducation du périnée est souvent recommandée pour ces patients.
« La dépression, la diabète, le cholestérol, le cancer » sont des situations dans lesquelles le viagra favorise l’érection chez les patients. Les pathologies en elles-mêmes, et parfois l’effet des médicaments, fragilisent en effet ce mécanisme.
Les prescriptions de viagra restent généralement transitoires. Deux situations font exception : « les cas d’ablation de la prostate (prostatectomie) ou d’atteintes neurologiques. Pour ces patients, l’injection se fait en intra-caverneuse (dans le pénis). Ce sont d’ailleurs les seuls situations dans lesquelles le viagra déclenche automatiquement l’érection. ».
Mais existe-t-il un risque d’addiction au viagra ? « Il n’existe pas de risque sur le plan physiologique, mais sur le plan psychologique oui, si le patient mise tout sur ce médicament. » D’où l’intérêt d’être suivi par un sexologue en parallèle de l’urologue pour démêler les nœuds de la confiance. Et côté effets indésirables ? « S’ils surviennent, ils sont transitoires et bénins », rassure Sébastien Landry. « Certains patients éprouvent des céphalées ou des légers vertiges, car le médicament agit sur la fluidification du sang et parfois du sang s’accumule un peu dans le cerveau. »
A noter : connus pour diminuer la pression artérielle, le viagra et les molécules inhibitrices de la PDE5 sont interdits aux patients prenant des traitements à base de dérivés de nitrite, indiqués en cas d’hypotension. Il existe pour ces derniers un important risque d’arrêt cardiaque.
Source : interview de Sébastien Landry, psychosexologue spécialisé en cancérologie, le 13 juillet 2021
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet