Traitement hormonal de la ménopause : que penser de la nouvelle alerte américaine ?
05 mars 2008
Selon de nouveaux résultats de l’étude WHI pour The Women’s Health Initiative, un sur-risque de cancer du sein, déjà présent pendant le traitement hormonal de la ménopause (THM), continue d’être observé après l’arrêt de celui-ci. Les auteurs soulignent toutefois qu’au bout de deux ans et demi, ce risque s’amenuise. Décryptage avec le Dr Gabriel André, gynécologue à Strasbourg et membre du nouveau Groupe d’Etude sur la Ménopause et le Vieillissement hormonal (GEMVI).
« Dans les études qui ont montré une augmentation du risque de cancer du sein, ce surcroît de risque met un à cinq ans pour s’annuler après l’arrêt du traitement. Les résultats rapportés ici dans l’étude WHI ne constituent donc pas une surprise. »
La communauté scientifique internationale s’accorde à dire que certains THM pourraient être promoteurs du cancer du sein et non pas initiateurs. « Ils accélèreraient un cancer déjà existant (effet promoteur), mais ne peuvent le créer s’il n’existe pas. Dans la WHI, durant les deux ans et demi d’observation après l’arrêt du THM, le sur-risque de cancer du sein diminue progressivement, ce qui va aussi dans le sens d’un effet promoteur. »
Pour le GEMVI, « une évaluation soigneuse au plan individuel de la balance bénéfice/risque du THM, doit rester la règle avant toute prescription (comme d’ailleurs pour n’importe quel traitement) ». Le rôle des médecins et plus particulièrement des gynécologues est aujourd’hui de dédramatiser la situation. « Nous devons rappeler que dans la WHI, le progestatif utilisé est la medroxyprogestérone acétate (MPA), qui a été très peu prescrit en France », rassure le Dr Gabriel André.
Une pause thérapeutique
« Nous avons des études fondamentales qui indiquent que la MPA pourrait majorer le risque de cancer du sein. En France depuis toujours les produits naturels ont eu la faveur des gynécologues. C’est chez nous que la progestérone naturelle et l’estradiol transdermique sont les plus prescrits. L’étude française E3N justement n’a pas trouvé d’augmentation du risque de cancer du sein avec la progestérone naturelle ou son isomère la dydrogestérone après 7,5 ans d’observation. Contrairement à la WHI les doses et les schémas sont adaptés en médecine de tous les jours en fonction de chaque patiente. »
Autre aspect important figurant dans les recommandations de l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS), la notion de pause thérapeutique. « Après quelques années de traitement, une pause thérapeutique de plusieurs semaines devrait être proposée aux patientes. La réapparition ou non des symptômes permet un réajustement de la balance bénéfice/risque conduisant à la poursuite ou à l’arrêt du THM. »