Traitements préventifs contre la Covid-19 : pour qui, pourquoi ?

28 octobre 2021

Pour lutter contre les ravages de la pandémie de Covid-19, les vaccins restent une arme efficace. En complément, de nouvelles armes thérapeutiques ont vu le jour pour prévenir les formes graves mais également traiter la maladie. Les explications du Pr Éric Hachulla, du Service de Médecine Interne et Immunologie Clinique au CHU de Lille.

Les très nombreuses recherches menées sur le SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la Covid-19, ont permis d’approfondir de manière considérable les connaissances scientifiques. Avec à la clef, la mise au point de plusieurs vaccins en un temps record. Mais pas seulement ! Les experts ont réussi à identifier aujourd’hui les facteurs de risque liés aux hospitalisations, à la sévérité de la maladie et à la mortalité.

Des patients plus fragiles

« Nous savons aujourd’hui qu’un patient traité par un immunosuppresseur (particulièrement le rituximab) est à très haut risque de décès en cas d’infection au SARS-CoV-2 », explique le Pr Eric Hachulla. « Il en est de même pour les patients présentant ce que l’on appelle des comorbidités : diabète, hypertension artérielle, insuffisance rénale, obésité sévère, insuffisance cardiaque… »

Comme l’explique Santé publique France, « la stratégie vaccinale mise en place contre la Covid-19 a pour objectifs principaux de protéger les populations les plus vulnérables, de faire baisser la mortalité et les formes graves, protéger les soignants et le système de soins. »

Un traitement pour quels patients ?

Mais selon le Pr Hachulla, « certains patients à risque complètement vaccinés peuvent ne pas présenter des niveaux d’anticorps assez élevés. Nous devons donc les protéger d’autant plus s’ils sont parfois à risque de contamination en raison de leur activité professionnelle. Pour ceux qui n’ont pas du tout développé d’anticorps après un schéma vaccinal complet, on pourra leur proposer une combinaison d’anticorps monoclonaux en prévention tous les mois tant que dure la pandémie. C’est un traitement préexposition qui apporte une immunité passive. »

Deuxième situation, la post-exposition. « Il s’agit ici aussi d’un patient fragile, avec un schéma vaccinal complet, une faible production d’anticorps et qui a été au contact d’une personne infectée », précise le Pr Hachulla. « En cas de PCR négative, il sera éligible à l’utilisation de ce traitement en accès précoce. C’est donc un traitement préventif de la maladie. » Troisième situation, ce patient fragile et peu répondeur au vaccin a été infecté. « Les 5 premiers jours après les premiers symptômes, il pourra recevoir lui aussi un anticorps monoclonal. Précisons que les patients les plus concernés par ces traitements sont ceux dits à haut risque de formes graves. »

Comment fonctionnent les anticorps monoclonaux ?

« Le virus SARS-CoV-2 est constitué d’une membrane à la surface de laquelle vous allez retrouver des spicules, en forme de piques, appelées spike », précise le Pr Hachulla. « Ce sont ces fameux piques qui permettent aux virus entrés dans l’organisme de se fixer sur nos cellules respiratoires. Les anticorps monoclonaux mis au point vont justement agir au niveau de ces spikes. Ils vont dans un premier temps les reconnaître, puis les bloquer avant que les virus ne pénètrent dans les cellules respiratoires. Cette stratégie thérapeutique permet d’une part de bloquer la phase infectieuse de la maladie (fièvre, nez bouché, perte de goût) et d’autre part d’empêcher la seconde phase dite inflammatoire à l’origine des hospitalisations et des décès. »

Rappelons que les anticorps monoclonaux sont largement utilisés dans la prise en charge des maladies inflammatoires comme le psoriasis ou encore la polyarthrite rhumatoïde.

  • Source : Interview du Pr Eric Hachulla, 24 septembre 2021 - Santé publique France – Vaccination contre la Covid-19 -https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/vaccination-contre-la-covid-19

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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