Traiter les yeux secs : soyez observant !
02 mars 2015
©Phovoir
Environ 25% de la population française souffre du syndrome de l’œil sec. Souvent dû à un dysfonctionnement des glandes de Meibomius, responsable de la production du film lipidique qui permet de maintenir l’hydratation de l’œil, cette pathologie est difficile – et fastidieuse – à traiter. Le point sur sa prise en charge avec le Pr Gilles Renard, directeur scientifique de la Société française d’Ophtalmologie (SFO).
« Le syndrome de l’œil sec concerne entre 25% à 30% de la population », estime le Pr Renard. Dans de nombreux cas, c’est un dysfonctionnement des glandes de Meibomius qui en est à l’origine, entraînant une évaporation excessive des larmes. « Dans certains cas, ce dysfonctionnement est infectieux et dû à une présence staphylococcique qui modifie le type de lipide sécrété par les glandes. Il se traite par antibiotiques. ». D’autres cas, « concernent un dysfonctionnement associé à une acné rosacée. » Restent les troubles, fréquents, sans cause claire et précise.
Une prédisposition individuelle, un environnement trop sec favorisé par le chauffage, la climatisation, la pollution… Autant de causes ou de facteurs favorisants retenus. « Le travail sur écran aggrave de son côté la diminution du clignement et par conséquent l’hydratation de la cornée », ajoute-t-il. « Mais l’écran n’est pas responsable à lui seul des troubles des glandes de Meibomius. »
Il est d’ailleurs « tout à fait possible de travailler longuement sur ordinateur sans problème, à certaines conditions. » Pour prévenir ou atténuer ces complications, « il faut prendre le temps de régénérer son film lacrymal en faisant de vraies pauses pendant le travail sur écran. Fermez les yeux pendant une vraie minute ou faites une pause à la machine à café, au moins toutes les heures. »
Des traitements fastidieux mais indispensables
Une fois la pathologie installée, le patient souffre de sensations désagréables de sable dans les yeux ou encore de larmoiements, rendant difficile, voire impossible, le port de lentilles de contact. « Le traitement est fonction de l’origine de la pathologie », indique Gilles Renard. « Si elle est lipidique et que les glandes de Meibomius sont bouchées, le traitement inclut des collyres contenant des lipides et l’utilisation de masques chauffant. »
En effet, « la sécrétion d’un sébum trop épais, due à la sécheresse, qui se fige à la sortie des glandes est la principale manifestation de ce trouble. » Par conséquent, « en le ramollissant on facilite son expression ». Un gant de toilette chauffé et posé 5 à 10 minutes sur les yeux, une à deux fois par jour, suivi d’un massage des paupières est efficace. Des masques ou des lunettes chauffantes sont également disponibles. Un traitement à vie efficace et facile à mettre en œuvre mais fastidieux.
Et si le patient ne soigne pas cette sécheresse oculaire ? « A terme, une sclérose des glandes peut survenir », indique le Pr Renard. « Dans ce cas, nous n’avons plus de recours. » La cornée souffre, se vascularise et une altération importante de la vision peut se produire. Un suivi régulier mais surtout, « une observance du traitement prescrit » est donc essentielle.
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Source : interview du Pr Gilles Renard, Directeur scientifique de la Société française d’Ophtalmologie, 24 février 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet