Transplantation cardiaque : conserver les greffons plus longtemps
18 juin 2021
La France manque de greffons cardiaques. Pour faire face à cette pénurie, une machine permet désormais d’allonger le délai entre le prélèvement et la greffe au receveur. Présentation.
Malheureusement tous les patients en attente de transplantation cardiaque en France ne reçoivent pas de transplantation. Pourquoi ? D’abord par manque de greffons compatibles. En moyenne, il y a deux candidats receveurs compatibles pour un seul greffon cardiaque disponible. Autre raison : le délai très court de 4 heures au maximum à respecter entre le prélèvement auprès du donneur et la greffe du cœur.
En effet, « lorsque le cœur d’un donneur est prélevé, le greffon n’est plus perfusé et l’ischémie engendrée va détériorer l’organe. Pour prévenir les lésions, le cœur est arrêté, refroidi et conservé dans un liquide à 4°C pour son transport », détaille le Groupe hospitalier Paris Saint Joseph. Si le délai est allongé, la survie du patient est menacée.
Alors lorsque le lieu de prélèvement du greffon se trouve éloigné géographiquement du patient à transplanter, une course contre la montre s’engage. Et malgré les moyens mis en œuvre – comme une escorte motorisée, hélicoptère ou avion – il arrive que le greffon soit perdu à cause notamment de conditions géographiques ou météorologiques compliquant l’acheminement. Résultat, un greffon et une chance de guérison – voire de survie – perdus.
Un greffon viable durant 16 heures
C’est pour éviter ce gâchis que le groupe Groupe hospitalier Paris Saint Joseph vient de se doter d’une solution permettant d’allonger le délai de transplantation. Il s’agit d’une « machine transportable dans laquelle on va placer le cœur et le perfuser avec du sang oxygéné », explique le groupe hospitalier. « Cela va permettre au cœur de battre, de reprendre une activité et ainsi de réduire la durée d’ischémie (absence de perfusion) qui est critique en transplantation. » Cette technologie permet de préserver le cœur pendant plusieurs heures. « Certaines études ont même rapporté récemment une préservation sur une durée de 16 heures. »
Une chance supplémentaire mais qui ne bénéficiera pas à tous pour le moment puisque ce dispositif n’est actuellement pas remboursé par l’Assurance-maladie. « Devant les bénéfices incontestés du dispositif, espérons qu’il le sera prochainement », espère le Dr Julien Guihaire, chirurgien cardiaque à l’hôpital Marie-Lannelongue.
A noter que la technologie existe depuis une dizaine d’années mais n’avait jusqu’à présent intéressé que les pays disposant de territoire immenses (Etats-Unis, Australie…) ayant tout de suite identifié un bénéfice à prolonger la durée de vie du greffon.
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Source : Groupe hospitalier Paris Saint Joseph, juin 2021
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet