Traumatismes sonores : un médicament pour « réparer » l’oreille ?
11 juin 2002
Alors que les traumatismes sonores constituent la première cause de perte auditive dans les pays industrialisés, une équipe de Montpellier a rétabli la fonction auditive de cobayes soumis à un traumatisme sonore majeur. Une sacrée nouvelle ! En France, plus de 5 millions d’adultes souffrent d’acouphènes. Ces bourdonnements d’oreilles plus ou moins continus, mais extrêmement gênants, sont provoqués par un traumatisme sonore ou une succession de stress auditifs. Contre ces troubles, il n’existe aujourd’hui aucun remède vrai. Vasodilatateurs, anti-inflammatoires sont bien sûr proposés pour soulager ces patients, mais le remède le plus efficace contre les acouphènes reste encore aujourd’hui… le mépris !
Les responsables de l’unité INSERM U 254 à Montpellier, en collaboration avec des équipes d’Aventis, ont réussi un joli doublé. D’une part, ils ont mis au point un modèle expérimental de l’acouphène, chez l’animal. Modèle fiable, totalement reproductible, qui permet d’évaluer et de quantifier le phénomène. Et donc de tester différents candidats traitements. Et d’autre part ils sont parvenus, toujours chez l’animal, à rétablir une audition normale chez 70% à 100% d’un groupe de cobayes qui avaient subi une exposition de trente minutes à un bruit de 120 dB !
Le médicament utilisé pour cela est la riluzone, un anti-glutamate dont les propriétés anti-convulsivantes et sédatives, mais aussi anti-ischémiques (c’est-à-dire anti-infarctus tissulaire) étaient déjà connues. En raison de sa toxicité potentielle, le produit doit être administré localement au niveau de l’oreille interne, ce qui le rend assez peu maniable… Mais ces travaux, pour préliminaires qu’ils soient, sont porteurs d’espoir pour des millions et des millions de malades gravement handicapés… et aujourd’hui trop souvent mal reconnus.