Travail : qu’est-ce que le « quiet quitting » ?

19 avril 2023

Parmi les nombreux néologismes qui apparaissent régulièrement dans les médias et, désormais, sur les réseaux sociaux, voici le « quiet quitting ». En bon français, « démission silencieuse ». De quoi s’agit-il ?

C’est sur le réseau TikTok que le terme de « quiet quitting » est devenu viral. Il correspond au fait que des salariés décident de faire le strict minimum au travail. Est-ce le fait de personnes paresseuses ? D’après Timothée Meaupin, chargé de mission RH à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-Seine, « le principe de la ‘démission silencieuse’ consiste (plutôt) à faire une différence nette entre son statut de salarié et son statut d’individu afin de pouvoir retrouver une forme de contrôle sur sa vie et investir son temps et son énergie ailleurs qu’au travail », analyse-t-il.

C’est aussi l’avis de Carrie Bulger, professeure en psychologie à l’Université de Quinnipiac dans le Connecticut. Pour elle, dans le contexte post-pandémie le « quiet quitting » constitue un effort pour « redéfinir ce que le travail est et ce qu’il n’est pas ». Cette réaction des travailleurs peut être interprétée comme « le constat que le travail n’est pas tout. (Ils) veulent investir leur énergie et leur passion dans d’autres domaines de leur vie », ajoute-t-elle.

Manque de reconnaissance

Mais le contexte de la pandémie n’explique pas tout. Pour Timothée Meaupin, « cette prise de conscience (arrive) en réponse au manque de reconnaissance, au traitement de faveur, à la mauvaise communication, aux interactions trop verticales et aux cas de management toxique bien trop nombreux ». Et cette conséquence « semble être plus une évolution naturelle du monde du travail qu’une réelle rupture, car le ‘quiet quitting’, ou l’art de se détacher de son travail, démontre peut-être un désintérêt, mais également une demande de reconnaissance ».

Selon Carrie Bulger, « refuser de faire des heures supplémentaires ne devrait pas être punissable, en particulier lorsqu’il n’y a aucune garantie de contrepartie financière ». Malheureusement, « les patrons ne sont pas toujours menés par la raison », analyse-t-elle. « Il est donc juste de se demander si un mauvais leadership n’est pas davantage en cause dans la survenue de ce ‘quiet quitting’ », conclut-elle.

  • Source : Quinnipiac University, New Haven, Connecticut – Chambre de commerce et d’industrie, cci.fr

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Vincent Roche

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