Troisième millénaire, première décennie : le monde a-t-il les moyens de sa natalité ?

21 janvier 2003

Chassé croisé idéologique hier, à l’ouverture du Comité exécutif de l’OMS à Genève. Au centre du débat, la protection maternelle et infantile et l’avortement. Autour du ring des pays très différents : Egypte, Jordanie et Suède, face au géant américain.
L’agenda est chargé. Outre la définition des grandes lignes du budget de l’organisation pour la période 2004-2005, les délégués des pays membres du Comité – que la France ne rejoindra qu’à son tour, en mai prochain – doivent également désigner le futur directeur général qui, à partir de juillet 2003, prendra les rênes de l’OMS. Avec des candidats venus de tous les horizons de la vieille Europe à l’Afrique en passant par l’Asie et les Amériques, le choix sera éminemment politique.

Le rapport du Dr Gro Harlem Brundtland, qui dirigera l’OMS jusqu’en juillet prochain, a rassemblé un large consensus sur les progrès réalisés depuis 5 ans : incontestablement, la santé a marqué des points dans l’agenda des politiques qui gouvernent le monde. Elle est désormais unanimement reconnue comme l’un des préalables au progrès social et au développement durable des peuples. Et des changements tangibles et positifs ont été enregistrés, avec la mise en oeuvre du premier traité mondial de santé publique, consacrant une alliance mondiale contre le tabagisme et ses 4,9 millions de morts annuels. Ce tableau idyllique s’arrête là. Car les temps sont durs. Le budget consacré à la protection maternelle et infantile par exemple, va baisser de 12% sur la prochaine période par rapport à 2002-2003, passant de 44 à 39,7 millions de dollars US.

« Ce n’est pas ainsi que nous rejoindrons le niveau des pays développés » a déploré le délégué jordanien, soutenu par ses collègues égyptien et suédois, ce dernier débattant vertement avec le représentant américain. A celui-ci, qui rappelait que son pays est en désaccord « avec les autres sur des points d’éthique » (concernant la non-interdiction de l’interruption volontaire de grossesse, n.d.l.r.) il a en effet rappelé « sans vouloir (lui) manquer de respect qu’en effet les points de vue divergent sur ce point. Même si l’avortement est illégal, il n’en reste pas moins que les services de soins devraient apporter leur aide à ces femmes, ne serait-ce que pour remédier à leurs complications » et leurs conséquences les plus désastreuses.

  • Source : Genève, 20 janvier 2003, de notre envoyé spécial à l’OMS

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