Troubles bipolaires : 3 signes qui doivent y faire penser
29 mars 2024
La 10e Journée mondiale des troubles bipolaires, le 30 mars, permet de se pencher sur un trouble psychique dont nous avons tous entendu parler, sans pour autant le connaître vraiment. 1,6 million de Français vit avec. Les Drs Jasmina Mallet et Nicolas Mazer, psychiatres au Centre expert des troubles bipolaires et schizophréniques à l’Hôpital Louis Mourier (Colombes), nous éclairent sur les symptômes de la bipolarité.
On en sait finalement peu sur les troubles bipolaires, autrefois nommés troubles maniaco-dépressifs. 50 % des personnes bipolaires développent les premiers symptômes avant 18 ans, et généralement entre 15 et 25 ans. 70 % des patients reçoivent en premier lieu un diagnostic autre que celui de la bipolarité. 40 % des personnes dépressives pourraient, en réalité, souffrir de troubles bipolaires. Des chiffres qu’on ignore souvent alors que la durée moyenne entre les premiers symptômes et le diagnostic est de six ans en France.
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Des fluctuations d’humeur qui durent
La bipolarité n’est pas un simple changement d’humeur quotidien. Elle est caractérisée par des fluctuations qui s’étendent sur des périodes définies et présentent une intensité particulière. La bipolarité se manifeste par une alternance entre des périodes de stabilité (euthymie) et des périodes où l’humeur est anormalement élevée (euphorie…) ou anormalement basse (la dépression). Les critères pour diagnostiquer un épisode dépressif caractérisé exigent la présence de symptômes persistants pendant environ deux semaines. Pour les épisodes d’excitation, les critères de durée sont plus courts, allant de quelques jours à une semaine.
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Des symptômes dépressifs spécifiques
Certains indices peuvent faire penser à un trouble bipolaire lors d’un épisode dépressif : début brutal, irritabilité, réactivité de l’humeur (les patients peuvent encore ressentir de la joie en réponse à des événements positifs), augmentation de l’appétit (en particulier pour les aliments sucrés), hypersomnie (plus de 11h par nuit). La présence de caractéristiques psychotiques (hallucinations, idées délirantes) ou de symptômes mixtes (excitation psychique, augmentation de l’énergie) doit aussi faire rechercher une bipolarité.
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Une excitation démesurée et débordante
Pendant les périodes d’excitation, on constate alors un changement notable dans l’humeur (souvent une euphorie, parfois une irritabilité), ainsi qu’une augmentation de l’énergie et de l’activité. Dans les épisodes d’hypomanie, c’est-à-dire de dérèglement de l’humeur, les comportements peuvent être plus intenses que d’habitude, mais restent généralement maîtrisés. En revanche, les épisodes maniaques se distinguent par une désinhibition avec des comportements excessifs pouvant inclure un débit de parole très rapide et inhabituel (propos familiers, crus), une désinhibition, des conduites sexuelles à risque, des dépenses excessives et des décisions subites (divorce, démission…) pouvant mettre en danger la personne concernée.
A noter : Des antécédents familiaux peuvent aussi laisser penser qu’il existe des troubles bipolaires. L’association PositiveMinders a conçu un outil inédit, dans le but de donner aux proches, amis, enseignants, médecins généralistes, etc., les clés pour agir précocement.
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Source : interviews des Drs Jasmina Mallet et Nicolas Mazer, psychiatres au Centre expert des troubles bipolaires et schizophréniques à l’Hôpital Louis Mourier (APHP, Colombes) ; Dossier de presse de l’association PositiveMinders sur la bipolarité (mars 2024)
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Edité par : Vincent Roche