Troubles du spectre de l’autisme : des enfants en déficit de sommeil
02 septembre 2020
Les enfants et adolescents présentant des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) sont atteints, dans leur grande majorité, de troubles du sommeil. Un problème méconnu, qui nécessite pourtant une prise en charge adaptée. A l’occasion de la rentrée scolaire, les explications du Pr Carmen Schröder du Service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du CHU de Strasbourg.
Les résultats de l’enquête menée par l’Institut Harris Interactive pour Biocodex sur l’impact des troubles du sommeil chez les enfants avec des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) sont sans équivoque. « Les troubles du sommeil concernent 50%-80% des enfants présentant des TSA », indique le Pr Carmen Schröder. « C’est donc un problème extrêmement fréquent ». Fréquent mais malheureusement méconnu. Pourtant, ces troubles du sommeil, lourds de conséquences pour les enfants et leurs familles, doivent être identifiés pour optimiser leur prise en charge.
Des délais d’endormissement de… deux heures !
De manière plus précise, les troubles du sommeil chez les enfants et adolescents se manifestent « par des délais d’endormissement extrêmement longs ». Selon l’enquête, pour 71% des patients, il faut en effet attendre une heure avant de s’endormir. Pire, pour 39% le temps nécessaire peut parfois dépasser les deux heures. Ce n’est pas tout. « En moyenne, les enfants se réveillent 2,6 fois par nuit », explique le Pr Carmen Schröder en faisant référence à l’enquête. « Les parents doivent se lever et les aider à se rendormir. » Notre spécialiste mentionne également des réveils matinaux précoces, ainsi qu’une durée de sommeil diminuée.
Un déficit en mélatonine
Comment expliquer cette situation particulière des enfants et adolescents avec TSA ? « La mélatonine est insuffisamment sécrétée la nuit chez une majorité de ces jeunes patients. Or cette hormone est justement connue pour favoriser le sommeil. Ainsi ce déficit va contribuer aux difficultés d’endormissement, aux nombreux réveils nocturnes, et aux éveils matinaux précoces », souligne le Pr Schröder.
Un impact au quotidien pour les patients et…leurs proches
« De nombreuses études ont montré que les troubles du sommeil renforcent les symptômes de l’autisme », explique le Pr Carmen Schröder. « Notamment au niveau du comportement et de l’attention ». Selon l’enquête Harris, les troubles du sommeil ont un impact fort pour 59% des enfants sur leur comportement (irritabilité, agitation, agressivité). « N’oublions pas aussi le stress et la fatigue générés chez les parents ».
Savoir repérer les troubles du sommeil
Les troubles du sommeil chez les enfants avec un TSA ne sont pas assez pris en compte. « Il est indispensable de pouvoir les repérer, de poser les bonnes questions, de proposer un agenda de sommeil », estime le Pr Carmen Schröder. « D’autant plus que nous savons que les interventions thérapeutiques pour les TSA se révèlent moins efficaces en cas de troubles du sommeil associés non pris en charge ».
Quelle prise en charge ?
« Il est important de bien veiller à de bonnes habitudes de sommeil ». Autrement dit de mettre en place des conditions favorables, comme une chambre calme à la bonne température. « Nous pouvons également proposer aux enfants des interventions comportementales. Et si cela se révèle insuffisant, ce qui est le cas chez 75% des enfants, nous pouvons recourir à des traitements médicamenteux dont en tout premier lieu la mélatonine », conclut le Pr Carmen Schröder.