Tuberculose : les origines de la multirésistance dévoilées

20 janvier 2015

 

Une équipe du CNRS s’est intéressée aux origines des souches multirésistantes de la tuberculose en Eurasie. Les chercheurs ont ainsi démontré qu’elles ont démarré leur expansion lors de l’effondrement du système de santé en ex-URSS.

La tuberculose reste un problème majeur de santé publique. Cette maladie est à l’origine d’un million et demi de décès chaque année dans le monde. Les souches de l’agent infectieux sont de plus en plus résistantes aux antibiotiques. La lignée Beijing est en particulier associée à la propagation de la tuberculose multirésistante en Eurasie. En étudiant les empreintes génétiques de près de 5 000 souches de cette lignée, issues de 99 pays, les auteurs ont pu identifier son foyer originel et retracer les étapes de son expansion.

Cette lignée a émergé il y a près de 7 000 ans dans une région comprise entre le nord-est de la Chine, la Corée et le Japon. Elle s’est ensuite propagée par vagues successives, associées à des mouvements historiques de populations humaines vers l’est et l’ouest. A l’époque contemporaine, elle a vu ses effectifs s’accroître lors de la révolution industrielle et la Première Guerre mondiale.

Une origine soviétique ?

Selon les chercheurs, « ces phases d’expansion sont vraisemblablement liées à l’augmentation de la densité humaine et aux privations associées à ces épisodes ». Une seule période de décrue a été observée. Il s’agit des années 60 au cours desquelles, les antibiotiques ont été largement utilisés. Ce déclin s’est interrompu à la fin des années 80, en lien avec l’épidémie de VIH/SDIA et avec l’apparition de la multirésistance aux antibiotiques.

L’étude a également montré que deux souches ont commencé à se propager de façon épidémique en Asie centrale ainsi qu’en Europe de l’Est à une époque récente : l’effondrement du système de santé publique en ex-URSS. « Ces résultats soulignent l’importance de maintenir un système de lutte contre la maladie au plus haut niveau d’efficacité et de développer de nouveaux moyens diagnostiques et de traitements plus efficaces ».

  • Source : Nature Genetics, 19 janvier 2015

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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